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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Nouvelle production du Trittico de Puccini dans une mise en scène de Luca Ronconi et sous la direction de Philippe Jordan à l’Opéra de Paris.
Triptyque pour un chef et un orchestre
Juan Pons (Gianni Schicchi)
Belle est l’idée de donner le Triptyque (Il Tabarro, Suor Angelica, Gianni Schicchi) de Giacomo Puccini (1858-1924) dans son intégralité. Mais le prestigieux metteur en scène Luca Ronconi signe à la Bastille une morne production venue de la Scala que magnifiera seulement le chef Philippe Jordan à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Paris.
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Hommage au réalisme poétique
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Quelques sifflets ont accueilli au final le metteur en scène qui a traité les trois opéras de Puccini dans un réalisme pesant. Une impressionnante péniche est échouée dans un ensemble de gris pour Il Tabarro. C’est dans une atmosphère de bondieuserie kitsch avec une immense statue de la Vierge couchée à terre et une autre parfaitement sulpicienne que Suor Angelica se débat avec son destin. Et Gianni Schicchi, habillé sans qu’on en sache la raison en costume de la Renaissance, roule son monde dans de théâtraux drapés rouges.
Un peu d’humour aurait pu alléger ces trois histoires d’horreur, de drame sentimental et de farce sur lesquels plane la mort. Ronconi manque d’ironie et laisse les interprètes se débrouiller seuls.
Des moments forts : les amants en péril dansent sur la péniche d’Il Tabarro comme sur un volcan et, sentant venir le drame, regardent au loin un couple d’amoureux. La vieille princesse frappe le sol du bout de sa canne tandis que sœur Angélique sombre dans le désespoir. Un moment faible : dans Il Tabarro, la houppelande sous laquelle Michele dissimule le cadavre de Luigi fait à peine frémir la malheureuse Giorgetta quand elle découvre le corps de son amant, bien que le thème de l’opéra soit l’effroi.
La mise en scène reste illustrative. Sans doute Gerard Mortier et ses productions souvent décapantes ont changé notre regard. Le premier degré ne saurait désormais suffire. Nicolas Joel, directeur de l’Opéra et metteur en scène de talent qui nous a si souvent passionnés au Capitole de Toulouse, s’intéresse d’abord aux voix et à la musique. Et elles resplendissent. C’est donc à travers elles qu’il faut suivre l’action dramatique de ces trois opéras qui mobilisent un nombre impressionnant de solistes.
Certes, le baryton Juan Pons qui chante à la fois Michele dans Il Tabarro et le personnage Gianni Schicchi n’a plus la voix de naguère, et s’il est intense dans le premier rôle, il est beaucoup trop effacé et manque de faconde et de malice dans le second.
La soprano ukrainienne Oxana Dyka (Giorgetta dans Il Tabarro) crie plus qu’elle ne chante. En revanche la soprano géorgienne Tamar Iveri investit autant scéniquement que vocalement son personnage de Suor Angelica. Magistrale de force dramatique est Luciana d’Intino (La Zia Principessa) tandis que la jeune Amel Brahim-Djelloul affirme une suavité vocale d’une belle tendresse.
Les seconds rôles sont particulièrement soignés, notamment avec la participation toujours haute en couleurs d’Alain Vernhes et les débuts du ténor albanais Saimir Pirgu, découvert il y a quelques années à Salzbourg, en Rinuccio dans Gianni Schicchi.
Le plus important dans ce triptyque est la musique de Puccini entre vérisme et réalisme. Le chef d’orchestre Philippe Jordan fait son miel de cette partition dont il souligne toutes les facettes, toutes les couleurs, le drame et le rire. C’est lui qui arrive à mettre du second degré dans ces trois opéras qu’il nous fait découvrir ainsi passionnants. Et de surcroît, il est en fusion totale avec l’orchestre de l’Opéra qui, à la fin de la première, l’acclame.
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Opéra Bastille, Paris Le 04/10/2010 Nicole DUAULT |
| Nouvelle production du Trittico de Puccini dans une mise en scène de Luca Ronconi et sous la direction de Philippe Jordan à l’Opéra de Paris. | Giacomo Puccini (1858-1924)
Il Trittico, trois opéras en un acte (1918)
Maîtrise des Hauts-de-Seine / Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris
Chœur et Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Philippe Jordan
mise en scène : Luca Ronconi
décors : Margherita Palli
costumes : Silvia Aymonino
Ă©clairages : Gianni Mantovanini
préparation des chœurs : Alessandro Di Stefano
Avec :
Il Tabarro
Livret de Giuseppe Adami d’après la Houppelande de Didier Gold
Juan Pons (Michele), Marco Berti (Luigi), Éric Huchet (Il Tinca), Mario Luperi (Il Talpa), Oksana Dyka (Giorgetta), Marta Moretto (La Frugola).
Suor Angelica
Livret de Giovacchino Forzano
Tamar Iveri (Suor Angelica), Luciana D’Intino (La Zia Principessa), Barbara Morihien (La Badessa), Louise Callinan (La Suor Zelatrice), Marie-Thérèse Keller (La Maestra delle novize), Amel Brahim-Djelloul (Suor Genovieffa), Claudia Galli (Suor Osmina), Cornelia Oncioiu (La Suor Infirmiera).
Gianni Schicchi
Livret de Giovacchino Forzano
Juan Pons (Gianni Schicchi), Ekaterina Syurina (Lauretta), Marta Moretto (Zita), Saimir Pirgu (Rinuccio), Eric Huchet (Gherardo), Barbara Morihien (Nella), Alain Vernhes (Betto), Mario Luperi (Simone), Roberto Accurso (Marco), Marie-Thérèse Keller (La Ciesca), Yuri Kissin (Maestro Spinelloccio), Christian Helmer (Amantio di Nicolao), Ugo Rabec (Pinellino), Alexandre Duhamel (Guccio). | |
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