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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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L'Affaire Makropoulos au Théâtre de l'Archevêché d'Aix-en-Provence
Une affaire en or
Etendard de ce millenium aixois, l'Affaire Makropoulos devait représenter l'événement lyrique de l'an 2000, tant par le choix d'une oeuvre trop rarement donnée que par celui d'intervenants de haut vol. Rien ni personne n'aura été en dessous des attentes, tant sur le plan musical que théâtral.
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Théâtre de l’Archevêché, Aix-en-Provence
Le 11/07/2000
Sylvie BONIER
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Complicité artistique
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Pour cette production ambitieuse, Simon Rattle est aux commandes de son orchestre de Birmingham. L'entente entre le chef et ses musiciens est de celles qui offrent le meilleur. Et la vision du Britannique est si juste dans cet opéra qui oscille entre la volupté et la douleur, la verdeur et la profondeur, la douceur et la sécheresse, que l'on ne peut que s'incliner devant des sonorités si âpres et sensuelles à la fois, un ton si honnête et sincère. Plus d'humanité serait difficile.
Cette hypersensibilité se lit sur scène avec la même évidence. Stéphane Braunschweig sait rendre le théâtre lumineux. Et musical. Et redonner à la musique sa théâtralité naturelle. Dans le cas de l'Affaire Makropoulos, il se concentre sur l'essentiel, soit le rôle principal, perdu dans un univers fait de fuites dans le noir et de faux semblants. Mystères de la mort et jeux de miroir entre scène et salle questionnent l'oeuvre au-delà de ses limites. Et le choix d'Anja Silja dans le rôle d'Emilia Marty, campé de façon magistrale, prolonge cette lecture philosophique de la pièce. Personne mieux que cette femme mûre ne peut suggérer la fuite et la permanence du temps, à travers l'expérience de vie et la santé d'une voix de grande intensité. La soprano brûle de ce feu intérieur qui lui fait traverser les siècles intacte. Et elle connaît les passions et les désillusions d'une vie qui finit par user.
Rare prestation de la " Callas allemande ", impliquée dans ce jeu de l'épure avec une impressionnante violence contenue. Autour de cette flamme blonde, les hommes tournent comme des insectes. Braunschweig les traite comme en creux de la figure captivante d'Emilia Marty. Dans son ombre, pourtant, aucun ne s'efface. Ni le Jaroslav Prus revêche de Willard White, ni le Janek véhément de Marcel Reijans, ni le Dr Kolenaty impétueux de Jake Gardner, pas plus le Strojnik profond de Gérard Lavalle ou l'Albert Gregor serré de Göran Eliasson. Devant le superbe rayonnage de livres d'archives ou derrière les rideaux rouges de scène, Emilia Marty, la mangeuse d'homme, ne fait que jouer. Son désarroi, dans ce spectacle d'une intelligence et d'une esthétique puissantes, transpire, comme la fin qu'elle attend, et qui vient se refléter dans le mur réfléchissant une salle de l'Archevêché sous le choc. Chacun s'est reconnu dans cette quête, et personne n'a échappé à la force de ce spectacle magnifique.
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Théâtre de l’Archevêché, Aix-en-Provence Le 11/07/2000 Sylvie BONIER |
| L'Affaire Makropoulos au Théâtre de l'Archevêché d'Aix-en-Provence
| " L'Affaire Makropoulos " de Leos Janacek.
Orchestre de Birmingham, Académie européenne de musique et l'Europa ChorAkademie.
Direction musicale : Sir Simon Rattle
Mise en scène et décors : Stéphane Braunschweig.
Avec Anja Silja (Emilia Marty), Willard White (Jaroslav Prus), Jake Gardner (Dr Kolenaty), Gérard Lavalle (Strojnik), Göran Eliasson (Albert Gregor), Peter Hoare (Vitek), Cynthia Clarey (Krista), Graham Clark (Hauk-Sendorf), Menai Davies (Komorna). | |
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