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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Spectacle de Jean-Philipe Clarac et Olivier Deloeuil autour du Diable dans le beffroi et de la Chute de la maison Usher de Debussy à l’Amphithéâtre Bastille, Paris.
Debussy entre humour et Ă©pouvante
Que le fantastique sied bien à Debussy ! Tel est le constat que l’on pouvait faire, en contrepoint de la reprise du Pelléas de Bob Wilson à l’Opéra Bastille, à l’écoute de deux ébauches d’opéras présentées par l’Atelier lyrique à l’Amphithéâtre de la Bastille : le Diable dans le beffroi et La Chute de la Maison Usher.
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Amphithéâtre de l'Opéra Bastille, Paris
Le 03/03/2012
Nicole DUAULT
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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C’est Baudelaire, traducteur d’Edgar Allan Poe (1809-1849), qui fit découvrir à la France et à Debussy les contes fantastiques du poète et romancier américain. Le musicien symboliste s’est entiché de ces récits au point de proposer au Met qui lui demandait un opéra, des partitions sur les textes du Diable dans le beffroi et de la Chute de la maison Usher. Jamais terminées, elles restent à l’état de fragments.
Fallait-il présenter scéniquement ce qui n’était qu’en germe ? On est frappé par l’impact dramatique et l’étrangeté qui en émanent. À l’initiative de l’Opéra français de New York, ces ébauches ont été proposées par les concepteurs Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil et mises au point par Jeff Cohen, directeur musical de l’École d’art lyrique de l’Opéra.
Elles constituent une soirée inhabituelle, passionnante et homogène. Les fragments assez courts sont accompagnés de mélodies bien connues de Debussy (Le son du cor, Beau soir, la Chevelure, Colloque sentimental) ainsi que d’un prélude (Des pas sur la neige). Ces petits joyaux mettent en miroirs le diptyque inachevé et nous replongent dans l’univers de Pelléas et Mélisande.
De cet ensemble hétéroclite émerge, sans doute grâce aux interprétations au piano de Jeff Cohen, un air d’effroi. La soirée s’ouvre avec un extrait de Children’s corner qui s’enchaîne avec le Diable dans le beffroi. Ce conte délirant, fondé sur quelques esquisses au piano est dit et mimé avec emportement par Alexandre Pavloff, de la Comédie Française. Il incarne un diable d’un humour subtil et d’une noirceur éclatante.
Le diable devient le double de l’Ami dans la Chute de la Maison Usher, pièce plus importante dans le même décor : une immense bibliothèque à la fois château et tombeau des héros. La Chute de la maison Usher est un conte plutôt confus. Deux jeunes gens, le héros Roderick Usher (Philipp Addis, auquel s’ajoute son double Alexandre Pavloff) et son ami (Damien Pass) errent à la recherche de la sœur de Roderick, l’éthérée Madeline (Valérie Condolucci).
Celle-ci, malade, est sous l’influence d’un médecin douteux (Alexandre Duhamel) : relations incestueuses du frère et de la sœur, douleur et folie, la maison Usher chute sans qu’on sache vraiment pourquoi. La restitution que tente de Jeff Cohen est certes intéressante mais nous laisse sur notre faim malgré l’interprétation lumineuse de quatre jeunes chanteurs, sans doute parmi les meilleurs de demain.
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Amphithéâtre de l'Opéra Bastille, Paris Le 03/03/2012 Nicole DUAULT |
| Spectacle de Jean-Philipe Clarac et Olivier Deloeuil autour du Diable dans le beffroi et de la Chute de la maison Usher de Debussy à l’Amphithéâtre Bastille, Paris. | Claude Debussy (1862-1918)
Le Diable dans le beffroi
La Chute de la Maison Usher
direction musicale : Jeff Cohen
conception : Jean-Philipe Clarac et Olivier Deloeuil
scénographie : Rick Martin
costumes Katherine Mcdowell
Avec Phillip Addis, Valérie Condoluci, Alexandre Duhamel, Damien Pass, Alexandre Pavloff | |
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