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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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RĂ©cital de la violoncelliste Natalia Gutman et du pianiste Alexandre Rabinovitch Ă l'auditorium du Louvre.
Chosta le rédempteur
Etrange sensation sonore que celle laissée par le récital de Natalia Gutman et d'Alexandre Rabinovitch à l'auditorium du Louvre : dans Beethoven et Schumann, une immense déconvenue attendait un public curieux et connaisseur, jusqu'à ce qu'une miraculeuse Sonate en ré mineur de Chostakovitch vienne le rassurer quant aux capacités des deux interprètes russes.
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Déconcentration ? Fatigue ? Lassitude ? A n'en pas douter, Natalia Gutman et Alexandre Rabinovitch n'étaient pas dans un grand soir. Des oreilles même non exercées ne s'y tromperaient pas, tant le tandem des deux Russes a semblé d'emblée perdu dans Beethoven et Schumann, accélérant le tempo, multipliant les traits bâclés, sans parler des problèmes de justesse presque chroniques et d'une absence de dialogue à ce point manifeste qu'elle en est devenue rapidement caricaturale.
Le parti-pris interprétatif de Natalia Gutman et d'Alexandre Rabinovitch est pourtant au demeurant respectable : plutôt que d'aseptiser la Troisième Sonate de Beethoven et les Cinq pièces dans le style populaire de Schumann à force de clarté digitale, l'objectif aura été d'en accentuer la rugosité à foison, aux confins du potentiel expressif de ce que les deux instruments peuvent autoriser ; mais à trop vouloir repousser sans cesse les limites musculaires, Natalia Gutman et Alexandre Rabinovitch ont offert un Beethoven assommant de brutalité et un Schumann sans relief, emplis d'incohérences manifestes, tant du point de vue rythmique que de la recherche de couleurs : le toucher de Rabinovitch n'est que percussif, le doigté de Gutman traversé d'un vibrato mal maîtrisé.
A bien y réfléchir, ce soir-là , ils ont ni plus ni moins reproduit les tics d'une école russe que l'on croyait n'appartenir qu'au passé, faite de cette espèce de déflagration sonore continue qui tenait lieu de musicalité. Raté, le récital des deux Russes ? Pas tout à fait. Une superbe Sonate en ré mineur de Chostakovitch, qui concluait ce programme, a enfin libéré le talent des deux interprètes. Une partition dont le duo a fait ressortir le brio avec une évidente réussite, en dehors du Largo, filigrané par un caractère sombre, mais dont ils ont néanmoins su mettre en relief la noirceur autant que le sarcasme à peine voilé : la grande leçon de musique que l'on attendait sans plus vraiment y croire.
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Auditorium du Louvre, Paris Le 21/09/2000 Stéphane HAIK |
| Récital de la violoncelliste Natalia Gutman et du pianiste Alexandre Rabinovitch à l'auditorium du Louvre. | Troisième Sonate pour violoncelle et piano opus 69 et Sept Variations sur " Bei Männern, welche Liebe fühlen " de " La Flûte enchantée " de Mozart de Beethoven
Cinq pièces dans le style populaire de Schumann
Sonate pour violoncelle et piano en ré mineur de Chostakovitch | |
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