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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Récital de mélodies autour de Verlaine du contre-ténor Philippe Jaroussky accompagné par le pianiste Jérôme Ducros et le Quatuor Ebène au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Prima la musica
Sur des poèmes de Verlaine, entouré du Quatuor Ebène, idéalement accompagné au piano par Jérôme Ducros, Philippe Jaroussky a réuni un florilège musical. De mélodies toutes du XXe siècle, aussi bien de Léo Ferré que de Gabriel Fauré, de Claude Debussy que de Charles Trenet, le contre-ténor a composé un bouquet aux parfums d’une subtile délicatesse.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 11/04/2015
Claude HELLEU
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Complicité artistique
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Hommage au réalisme poétique
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Le timbre est unique, la musicalité toute en nuances. À une voix exceptionnelle, Philippe Jaroussky allie le naturel de son art. Enchaîner des mélodies plus ou moins coupées d’applaudissements n’est pas la bonne manière de le vivre. Les lier dans la continuité d’un grand moment, c’est ce qu’il a donné au public du Théâtre des Champs-Élysées comble.
Entouré du Quatuor Ebène, accompagné par Jérôme Ducrot au piano, les six musiciens se présentent complices d’un programme conçu tel un opus autour de la poésie de Verlaine. Les nombreux compositeurs réunis là non seulement offrent une grande diversité de pièces connues ou inédites, mais aussi plusieurs versions d’un même poème, celles-ci subtilement disséminées. Le florilège de mélodies françaises ainsi présenté en deux cycles de quarante-cinq minutes, tour à tour accompagnées par le piano ou les cordes pour lesquelles Jérôme Ducros a écrit les adaptations, ouvre les portes d’un jardin des plus agréables.
Nous y entrons avec des extraits du Concerto pour violon, piano et quatuor à cordes op. 21 d’Ernest Chausson. Modestement assis entre les quatre membres du quatuor Ebène devant le piano, Philippe Jaroussky écoute avant de se lever pour chanter un Mandoline de Fauré né de Chausson. Nulle interruption n’en rompt la séduction. Ne se rasseyant ou ne se levant que dans les notes jouées par ses partenaires, les yeux au ciel ou fermés, les bras seuls prolongent la concentration heureuse du contre-ténor. La pureté des aigus, la couleur mordorée du médium rayonnent de sensibilité. La précision des notes, la justesse millimétrée des phrasés, la portée de la respiration s’émeuvent des mots qu’ils choient.
Mots aimés et pourtant problématiques. On ne les comprend pas souvent. Il est même parfois difficile de retrouver leur titre. Philippe Jaroussky chante merveilleusement, mais on ignore quels vers. Les évocations s’enchaînent dans un climat plein de charme sans que leur interprétation personnalise vraiment les compositeurs choisis.
Le Mandoline de Verlaine mis en musique par Gabriel Fauré, il n’est pas évident de le reconnaître un peu plus tard mis en musique par Régine Poldowsky, plus tard encore par Claude Debussy. Écoutez la chanson bien douce, nous sourient de même manière Ernest Chausson et Léo Ferré, frères de lait séparés par d’autres évocations. Entre Reynaldo Hahn et Debussy, le Green d’André Caplet ressemble au Green de Gabriel Fauré.
Chanson d’automne de Reynaldo Hahn, Chanson d’automne de Charles Trenet… les couleurs de cette voix d’une rareté fascinante ne se renouvellent guère. Les affinités dont témoignent ses choix servent une courbe musicale parfaite mais quelque peu monochrome. L’harmonie, la sérénité, l’émotion y règnent. On savoure l’Éden, on aimerait parfois apercevoir l’Enfer.
Musique avant toute chose, disait Verlaine. Musique au-delà du sens, qu’on retrouve avec un plaisir plus éclairé dans le CD qu’en a publié Erato sous le titre Green.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 11/04/2015 Claude HELLEU |
| Récital de mélodies autour de Verlaine du contre-ténor Philippe Jaroussky accompagné par le pianiste Jérôme Ducros et le Quatuor Ebène au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Verlaine
Mélodies de Gabriel Fauré, Marie-Joseph-Alexandre Déodat de Sèverac, Ernest Chausson, Reynaldo Hahn, Poldowski, André Caplet, Claude Debussy, Léo Ferré, Josef Zygmunt Szulc, Joseph Canteloube, Charles Bordes, Camille Saint-Saëns…
Philippe Jaroussky, contre-ténor
JĂ©rĂ´me Ducros, piano
Quatuor Ébène | |
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