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CRITIQUES DE CONCERTS |
09 décembre 2024 |
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Version de concert d’Hélène d’Égypte de Strauss sous la direction de Stefan Soltesz à l’Opéra de Francfort.
Ricarda d’Égypte
Rarement joué, l’opéra de 1928 Die Ägyptische Helena de Richard Strauss a confirmé la surperformance du ténor Andreas Schager en Ménélas, et permis de découvrir dans d’excellentes conditions à l’Opéra de Francfort une partition intéressante, portée par la superbe prestation du rôle-titre par une Ricarda Merbeth à son tout meilleur.
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Profitant du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Richard Strauss cette saison, l’Opéra de Francfort donne la rare Hélène d’Égypte sans prendre le risque de créer une nouvelle mise en scène, peut-être trop dure à rentabiliser sur le long terme. C’est donc en version de concert que nous profitons d’une excellente distribution, placée debout devant le Frankfurter Opern und Museum Orchester, dirigé par Stefan Soltesz.
Composé en 1928 sur un livret d’Hugo von Hofmansthal, cet opéra boudé des scènes mondiales révèle pourtant de belles parties orchestrales et vocales, bien qu’il manque quelque peu de personnalité. Ainsi débute-t-il sur des accords violents tel Elektra, pour trouver par la suite un lyrisme proche d’Ariadne à Naxos. Oscillant entre calme et violence, la construction dramatique rappelle celle des poèmes symphoniques du compositeur allemand et trouve une individualité seulement dans les thèmes orientalistes, d’ailleurs bien proches de la Schéhérazade de Rimski-Korsakov.
Le librettiste a lui aussi été plus inspiré et n’a pas particulièrement développé l’histoire simpliste du mythe grec : Ménélas souhaite se venger de la tromperie de sa femme Hélène en la tuant. Aïthra, fille de Poséidon, est alertée de ce drame par son coquillage et parvient à l’empêcher en réconciliant les deux époux, après de nombreuses péripéties. L’histoire permet surtout de faire ressortir les deux héros de la soirée : Andreas Schager à peine sorti du Parsifal de Berlin et Ricarda Merbeth de sa Senta de Marseille, venue remplacer Tamara Wilson malade.
Disons-le clairement, la prestation d’Andreas Schager est anthologique, au point de faire douter d’avoir jamais entendu un tel ténor straussien dans un rôle pourtant plus long et encore plus complexe que Bacchus. D’une voix surpuissante et hyper-projetée, il lance avec fougue des aigus hallucinants sans jamais défaillir, ni dans les notes, ni dans une stabilité de la ligne à toute épreuve. Il faudra courir entendre ses Siegfried et Rienzi l’an prochain !
Ricarda Merbeth impressionne presque autant, tant le vibrato qu’on lui a connu s’est atténué et tant le rôle est porté jusqu’au bout, malgré sa durée et le nombre élevé d’airs. Elle semble plus chauffée que limitée par son rôle wagnérien du mercredi et ne chante jamais sur la réserve, régalant le public de ses grands aigus. Branda Rae, superbe Zerbinetta de la troupe de Francfort, ne dénote pas en qualité par rapport aux personnages principaux et possède une ductilité et une couleur très adaptée à Aïthra, déesse parlant à son Coquillage, l’excellente Okka von der Damerau, mezzo-soprano de la troupe de Munich au chant straussien dont le timbre semble fait pour Clytemnestre.
Le reste de la distribution laisse entendre un Simon Neal (Altair) efficace, légèrement supérieur dans l’émission à Beau Gibson (Da-Ud), alors que chez les femmes se démarque la fraîcheur de Maria Pantiukhova, au côté des belles Louise Alder et Karen Vuong. On regrette les Elfes peu audibles derrière l’orchestre, placées parmi le chœur de femmes lui aussi trop couvert au I, et tout juste plus distincts devant le chœur d’homme au II.
Stefan Soltesz dirige un orchestre clair et coloré, où les traits de la partition sont mis en valeur en fonction des différentes phases, parfois violentes ou parfois poétiques. Il relève les soli de chaque instrument et laisse se distinguer à l’occasion dans les ensembles une harpe, une flûte ou un hautbois, quand il ne s’agit pas du premier violon. Il faut remercier encore les protagonistes d’avoir appris cet ouvrage rarissime pour l’avoir porté à un tel niveau d’excellence, et préciser que Ricarda Merbeth reprendra le rôle en version scénique l’an prochain à Berlin, tandis que l’Oper Frankfurt vient de présenter une saison 2015-2016 pleine de trésors !
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Oper, Frankfurt Le 01/05/2015 Vincent GUILLEMIN |
| Version de concert d’Hélène d’Égypte de Strauss sous la direction de Stefan Soltesz à l’Opéra de Francfort. | Richard Strauss (1864-1949)
Die Ägyptische Helena, opéra en deux actes (1928)
Livret d’Hugo von Hofmannsthal
Ricarda Merbeth (Helena)
Andreas Schager (Menelas)
Branda Rae (Aithra)
Simon Neal (Altair)
Beau Gibson (Da-ud)
Okka von der Damerau (Le Coquillage)
Karen Vuong, Maria Pantiukhova (Servantes)
Hermione (Louise Alder)
Anna Ryberg, Katharina Ruckgaber, Nina Tarandek (Elfs)
Chor der Oper Frankfurt
préparation des chœurs : Tilman Michael
Frankfurter Opern und Museumorchester
direction : Stefan Soltesz | |
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