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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Messa da Requiem de Verdi par l’Orchestre et le Chœur de l’Orchestre de Paris sous la direction de Gianandrea Noseda à la Philharmonie de Paris.
Apocalypse
Une messe des morts plus souvent interprétée dans une salle de concert que dans une église, tant son feu brûle et effraye, le Requiem de Verdi exige puissance et clarté. Avec un Chœur et un Orchestre de Paris familiers des grandeurs de la partition, Gianandrea Noseda ose soulever les montagnes d’un Jugement dernier que Giuseppe Verdi a osé concevoir.
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Très lente à l’orchestre, l’imploration commence presque larmoyante – pour que tranchent d’autant mieux les entrées du chœur et du quatuor vocal ? Leur impératif étonne un peu : Seigneur, donnez-leur le repos éternel, tel un ordre, mais de toute beauté. Beauté qui désormais ne cessera, habitée, inspirée, enflammée. Sous la conduite de Gianandrea Noseda, Chœur et Orchestre de Paris exaltent l’éloquence du Requiem de Verdi sans jamais manquer à sa ferveur.
Explosion du Dies irae. Dieu que ce jour de colère sonne la fin du monde ! Un cataclysme le pulvérise. Cendres, sépulcres, les trompettes répandent la stupeur, pas un mot ne se perd, l’articulation du chœur est admirable, la grosse caisse martèle le drame, coups au cœur, la violence déferle, l’épouvante fascine, les cuivres couronnent cette fin du monde, fanfares à leur sommet. Mors stupebit, la basse de Michele Pertusi en monte, irradiée d’intériorité.
Nulle profanation théâtrale dans ce soulèvement. Les quatre solistes fusionnent la religiosité enflammée de l’œuvre, même si on peut éventuellement regretter que l’équilibre des voix ne soit pas parfait. Celle de Marie-Nicole Lemieux domine, l’éclat juste et superbe, magnifiquement alliée au chœur dès le Liber scriptus qu’elle charge d’une menace justifiée.
Sans atteindre une telle autorité, Saimir Pirgu et Erika Grimaldi nous touchent différemment, eux aussi pénétrés de la piété immanente à leur effroi. Les couleurs du ténor n’ont pas la richesse de celles qui l’entourent, mais ses soli prennent tout leur sens. Et la soprano se marie idéalement à la mezzo-soprano pour attendrir Jésus dans ce Dies irae cataclysmique. Erika Grimaldi s’épanouira pleinement, les aigus pleins, chauds, dans le Libera me final.
Dirigeant de ses bras et même aussi de ses épaules, sans baguette, l’impulsion péremptoire, Gianandrea Noseda sert la messe sans jamais faillir à sa passion explosive. La souplesse des phrasés double la violence de cette confrontation avec la mort, dédaigne toute retenue pour mieux pénétrer sa foi. La netteté du son accompagne les paroxysmes de l’humanité suppliante.
Audace et maîtrise pénètrent l’Offertoire d’une même intensité. Le chœur ne cesse de projeter sa connaissance de l’œuvre en exaltant sa spiritualité. La glorification du Seigneur explose dans l’hymne du Sanctus, admirablement fugué. L’Agnus dei et le Lux aeterna apportent un apaisement illuminé d’espérance. Dernier combat entre craintes et suppliques, l’inconnu d’un Libera me fatidique nous recueille en pianissimi bouleversants.
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Philharmonie, Paris Le 12/02/2016 Claude HELLEU |
| Messa da Requiem de Verdi par l’Orchestre et le Chœur de l’Orchestre de Paris sous la direction de Gianandrea Noseda à la Philharmonie de Paris. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
Messa da Requiem
Erika Grimaldi, soprano
Marie-Nicole Lemieux, mezzo-soprano
Saimir Pirgu, ténor
Michele Pertusi, basse
Chœur de l’Orchestre de Paris
préparation : Lionel Sow
Orchestre de Paris
direction : Gianandrea Noseda | |
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