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CRITIQUES DE CONCERTS 28 mars 2024

Reprise de la Walkyrie de Wagner dans la mise en scène de Willy Decker, sous la direction de Christian Thielemann à la Semperoper de Dresde.

Ring Dresde (1) :
Chevauchées saxonnes

© Frank Höhler

Salle comble pour une première journée du Ring de très haut niveau, laissant déguster chaque instant de la Brünnhilde de Nina Stemme et du Siegmund de Christopher Ventris, portés par un orchestre ample et sans concession dirigé par le maître des lieux, Christian Thielemann, qui reprendra l’œuvre en avril 2017 à Salzbourg.
 

Semperoper, Dresden
Le 20/02/2016
Vincent GUILLEMIN
 



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  • Si Robert Carsen n’avait signĂ© sa production pour Cologne en coproduction avec Barcelone, il aurait pu prĂ©senter celle de Dresde coproduite avec Madrid, tant la mise en scène de Willy Decker utilise dans la capitale saxonne les codes de la mise en abyme chers au premier. Ainsi le parterre se prolonge-t-il sur scène avec des rangĂ©s de sièges montrant leur dos, devant un coffrage de bois clair prĂ©sentant l’espace scĂ©nique, lui-mĂŞme posĂ© Ă  l’identique en maquette sur le devant par Wotan : on l’a compris dès le prĂ©lude, Dieu contemple le monde comme un spectacle.

    La fin du I ouvre le panneau de bois à l’arrière-scène pour découvrir d’autres rangées de sièges, qui encadreront le décor du II, dans lequel Wotan et Brünnhilde jouent avec les monuments créés par l’homme comme des enfants avec des jouets. Les statues également présentes lient le mythe à l’époque gréco-romaine et confortent la notion des Dieux s’amusant avec le destin de l’humanité.

    Seul le III et une scène cette fois totalement remplie de fauteuils ne propose plus autant d’idées, les Walkyries descendants du ciel sur des flèches argentées rappelant les spectacles de David Bowie, et le dernier tableau présentant une demi-lune en guise de rocher pour Brünnhilde, évocation trop facile du jeu précédent sur les référentiels.

    Scénographie et dramaturgie permettent de dynamiser l’espace, mais personne n’est ici pour cela, car l’intérêt de cette reprise vient avant tout du directeur musical, voué à une standing ovation immédiate à son arrivée sur scène aux saluts. Oublions donc sa proposition un peu terne de Bayreuth et celle plus intéressante de Vienne pour cette lecture bien supérieure dans la fosse de Dresde.

    Dès l’ouverture, les choix de direction passionnent tout en restant ancrés dans une tradition issue de l’âge d’or wagnérien. Les violons tiennent staccato leurs mesures alors que les contrebasses conservent plus de legato, et l’on se délecte rapidement du rubato appliqué à loisir sur les violoncelles tout au long de l’ouvrage.

    Habitué à protéger son plateau lorsque celui-ci est en difficulté, Thielemann ne fait cette fois aucune concession et pousse systématiquement le volume de cors et trombones éclatants de brillance, au risque de mettre parfois Wotan en défaut. La petite harmonie rayonne à chaque intervention, tout particulièrement le premier hautbois, et seules les trompettes dénotent lorsqu’elles jouent piano.

    Mais l’effet de fascination vient avant tout de la propension du chef allemand à développer chaque leitmotiv, surtout au III où celui de la Rédemption du monde par l’Amour sous Sieglinde n’est que prémices à la finesse de traitement appliquée ensuite à ceux du Sanctuaire et du Sommeil magique.

    Il ne reste plus qu’à profiter de l’excellente distribution, à commencer par la Brünnhilde de référence de Nina Stemme, dont la tenue de note et la ligne de chant sans le moindre défaut appuie une couleur de timbre splendide et des aigus débutés mezza voce pour exploser plusieurs secondes plus tard sans le moindre vibrato.

    L’atmosphère de Bayreuth sollicitée par le chef (la représentation a commencé à 16h) abroge les surtitres, imposants à tout le plateau d’appuyer la diction ; on découvre alors une Petra Lang attentive aux consonnes, intéressante dans une Sieglinde qu’elle améliore acte après acte et qu’on démarque de Brünnhilde par sa noirceur.

    La Fricka de Christa Mayer tient ses airs sans frémir et surpasse Wotan dans le duo, le roi des dieux manquant parfois de présence sous l’interprétation de Markus Marquardt, qui sait toutefois adapter sa voix sur la durée, comme lors du monologue au II où il revient à une technique de chant presque parlée.

    Georg Zeppenfeld n’a pas l’obscurité ni la profondeur de timbre qu’on lui a connu pour Hunding et que soutient la fosse pour son leitmotiv, mais tient aussi par une véritable présence sur scène, laissant toutefois le grand rôle masculin à Christopher Ventris, déjà passionnant deux jours plus tôt à Berlin dans Peter Grimes.

    Le ténor développe un Siegmund lumineux, très précis dans la diction et très à l’aise avec sa partition, même lorsqu’il doit rétorquer aux assauts vocaux de Nina Stemme. Reste à attendre Siegfried en janvier prochain pour retrouver le chef et la chanteuse ensemble !




    Semperoper, Dresden
    Le 20/02/2016
    Vincent GUILLEMIN

    Reprise de la Walkyrie de Wagner dans la mise en scène de Willy Decker, sous la direction de Christian Thielemann à la Semperoper de Dresde.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Die Walküre, Première Journée de Der Ring des Nibelungen
    Livret du compositeur

    Sächsische Staatskapelle Dresden
    direction : Christian Thielemann
    mise en scène : Willy Decker
    décors : Wolfgang Gussmann
    costumes : Frauke Schernau

    Avec :
    Christopher Ventris (Siegmund), Georg Zeppenfeld (Hunding), Markus Marquardt (Wotan), Petra Lang (Sieglinde), Nina Stemme (BrĂĽnnhilde), Christa Mayer (Fricka), Christiane Kohl (Helmwige), Sonja MĂĽhleck (Gerhilde), Irmgard Vilsmaier (Ortlinde), Christina Bock (Waltraude), Julia Rutigliano (Siegrune), Simone Schröder (Roβweiβe), Constance Heller (Grimgerde), Nadine Weissmann (Schwertleite).

     


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