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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Version de concert de la Jacquerie de Lalo sous la direction de Patrick Davin à l’Auditorium de la Maison de la Radio, Paris.
Petites révoltes
Rareté recréée à l’occasion du Festival de Montpellier l’été dernier, l’opéra la Jacquerie d’Édouard Lalo est donné à Paris pendant une unique soirée de concert par l’Orchestre philharmonique de Radio France. Si la distribution, le chœur et l’orchestre sont de qualité, la direction de Patrick Davin ne suffit pas à rehausser une partition franchement faible.
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Dynamisé par le succès du Roi d’Ys créé en 1888, Édouard Lalo se remet rapidement à la composition d’un nouvel opéra, la Jacquerie, histoire d’amour entre une noble et un fermier, avec en toile de fond une révolte paysanne contre une nouvelle taxe imposée par le seigneur pour fournir une dot à sa fille. L’œuvre tient par sa continuité avec les opéras de Meyerbeer et Berlioz, sans rechercher la longueur du Grand Opéra, pour s’achever en moins de deux heures.
Ainsi resserrée, l’intrigue n’arrive toutefois pas à passionner, principalement à cause d’une partition nettement plus faible que celle du Roi d’Ys, (repris cette même semaine en France en version scénique par l’opéra de Saint-Étienne), où l’on cherche difficilement un post-wagnérisme dans les soli de cor anglais et dans les portées de cordes, tandis qu’on pense plus facilement à Berlioz dans l’utilisation des cuivres, du premier violon et du premier alto, très bien joués par les musiciens de l’Orchestre philharmonique de Radio France. Le final sans doute achevé par Édouard Coquard s’inspire de celui de Werther, le génie en moins.
On hésite donc devant de telles recréations entre louer le soutien de la Fondation Palazzetto Bru-Zane et de Radio France pour élargir le répertoire français, et le fait qu’on comprenne après deux heures pourquoi l’œuvre n’est pas régulièrement proposée. Heureusement que le chœur préparé par Michel Tranchant ravive l’écoute à chaque intervention, car en plus de ne pas passionner, la partition orchestrale de Lalo est dirigée dans la masse par le chef Patrick Davin, attentif à un orchestre toujours superbe, auquel il manque pourtant ici légèreté et couleurs, notamment à l’acte II lorsque l’on reconnaît le style du compositeur dans sa capacité à mêler les influences russes à la clarté française.
Le chant profite surtout du baryton Florian Sempey (Guillaume), bûcheron qui gagnerait encore certainement dans l’engagement en version scénique, et du Sénéchal précis et bien projeté d’Alexandre Duhamel. Véronique Gens est une Blanche un peu pâle si l’on attend d’elle une héroïne exaltée, mais un bras en écharpe ne semble pas l’aider à rentrer totalement dans cette soirée, en face d’une Nora Gubisch plus puissante et plus présente. Edgaras Montvidas complète la distribution sans réussir à magnifier un rôle de ténor dans lequel il bloque parfois sur les aigus, sans qu’on puisse vraiment le lui reprocher, au regard de ce qu’il doit chanter.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 11/03/2016 Vincent GUILLEMIN |
| Version de concert de la Jacquerie de Lalo sous la direction de Patrick Davin à l’Auditorium de la Maison de la Radio, Paris. | Édouard Lalo (1823-1892)
La Jacquerie, opéra en quatre actes
Livret d’Edouard Blau, achevé par Arthur Coquard et Simone Arnaud
VĂ©ronique Gens (Blanche de Sainte-Croix)
Nora Gubisch (Jeanne)
Edgaras Montvidas (Robert)
Florian Sempey (Guillaume)
Alexandre Duhamel (le Comte de Sainte-Croix)
Julien Véronèse (le Sénéchal)
RĂ©my Mathieu (le Baron de Savigny)
Chœur de Radio France
préparation : Michel Tranchant
Orchestre philharmonique de Radio France
direction : Patrick Davin | |
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