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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Stabat mater de Dvořák par le ChĹ“ur et l’Orchestre de Paris sous la direction de Tomáš Netopil Ă la Philharmonie de Paris.
Douleurs tchèques
Quatre ans après l’excellente exĂ©cution du Requiem de Dvořák Ă la salle Pleyel sous la direction de James Conlon, l’Orchestre de Paris joue le Stabat Mater du mĂŞme compositeur, toujours accompagnĂ© du magnifique ChĹ“ur de l’Orchestre de Paris et de la basse Georg Zeppenfeld, cette fois sous la baguette inspirĂ©e de Tomáš Netopil.
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Ă€ seulement trente-six ans, AntonĂn Dvořák compose une première Ĺ“uvre religieuse nettement plus touchante que le Requiem Ă©crit treize annĂ©es plus tard. Cette pièce est le fruit d’une vie marquĂ©e par les morts rĂ©centes de ses trois premiers enfants – il en aura six de plus. Douloureuse dans son pathos, elle est aussi plus extravertie et ne dĂ©veloppe pas toute la maĂ®trise que le compositeur tchèque acquerra plus tard, alors qu’on entend encore ici dans nombres de passages les marques de l’ami et mentor Johannes Brahms.
Déjà présent à la salle Pleyel dans deux remarquables concerts où il avait immédiatement façonné le son de l’Orchestre de Paris en lui donnant des couleurs tchèques, l’actuel directeur d’Essen Tomáš Netopil revient en proposant à nouveau une œuvre de son pays natal. Mais celui qui a dirigé dernièrement la Walkyrie ou Elektra en Allemagne approche le début de la pièce religieuse avec une sonorité cette fois beaucoup plus germanique, de laquelle ressortent certaines parties proches d’un Bruckner, tout particulièrement à la reprise du thème d’introduction du Quando corpus morietur final.
Quis est homo et Eja Mater profitent de ces équilibres, mais cette approche quelque peu raide ne convient pas tout à fait aux morceaux plus emportés, notamment l’Inflammatus auquel manque une véritable légèreté, malgré un Chœur de l’Orchestre de Paris exalté. De celui-ci, on profite autant des basses chaudes que des jeunes brillants, la plus belle section étant tenue par des sopranos impressionnantes d’éclat.
Du quatuor vocal se démarquent les deux parties graves et tout d’abord l’excellente mezzo-soprano Elisabeth Kulman, dont la voix bien placée sort de superbes bas-médiums. Georg Zeppenfeld ravit par une chaleur et une clarté de projection qu’on ne lui avait plus entendues dernièrement et qui rappelle sa prestation parisienne de 2012 ; son Fac ut ardeat cor meum est remarquable d’ampleur. Dmitri Korchak tient la partie de ténor avec ardeur et luminosité, mais semble pourtant hors-style, tandis qu’on écoute avec plaisir les aigus bien tenus de la soprano Aga Mikolaj.
Dans son acoustique très supérieure à celle de la salle Pleyel, la Philharmonie de Paris met en valeur l’orchestre et le chœur, sans parfaitement convenir à l’atmosphère nécessaire pour cette pièce triste méritant plus d’introspection, au risque d’atténuer l’impact de cette très belle prestation globale.
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Philharmonie, Paris Le 27/04/2016 Vincent GUILLEMIN |
| Stabat mater de Dvořák par le ChĹ“ur et l’Orchestre de Paris sous la direction de Tomáš Netopil Ă la Philharmonie de Paris. | AntonĂn Dvořák (1841-1904)
Stabat mater op. 58
Aga Mikolaj, soprano
Elisabeth Kulman, mezzo-soprano
Dmitri Korchak, ténor
Georg Zeppenfeld, basse
Chœur de Jeunes de l’Orchestre de Paris
préparation : Edwin Baudo, Marie Deremble-Wauquiez, Béatrice Warcollier
Chœur de l’Orchestre de Paris
préparation : Lionel Sow
Orchestre de Paris
direction : Tomáš Netopil | |
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