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	| CRITIQUES DE CONCERTS | 
	04 novembre 2025 | 
 
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Nouvelle production de Così fan tutte de Mozart dans une mise en scène de Christophe Honoré et sous la direction de Louis Langrée au festival d'Aix-en-Provence 2016.
  
Aix 2016 (1) :  
Ma che Così ? 
Pari risquĂ© et bien moins iconoclaste qu'annoncĂ© dans le livret de prĂ©sentation, ce Così de Christophe HonorĂ© n'atteint pas le succès de ses CarmĂ©lites et son PellĂ©as. L'ErythrĂ©e sous le rĂ©gime fasciste italien sert de dĂ©cor Ă  une thèse humaniste assĂ©nĂ©e. Ni le plateau, ni la direction de Louis LangrĂ©e ne soulèvent l'enthousiasme.   
 
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Théâtre de l’Archevêché, Aix-en-Provence 
Le 13/07/2016 
David VERDIER  
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 Transposer Così dans l’ErythrĂ©e fasciste, pourquoi pas ? L'intention de Christophe HonorĂ© dans le livret de prĂ©sentation Ă©tait de susciter « une rĂ©action de rejet a priori Â». On est ici face Ă  des situations oĂą le dĂ©sir masculin se mue en pulsion primaire et animale tandis que se pose la question du regard sur l'autre (en l'occurrence le Noir, le colonisĂ©). On ne peut que saluer cette intention de prĂ©senter Così sans le fard et les contours mozartiens. DimensionnĂ©e Ă  l'aune d'une comĂ©die de mĹ“urs, cruelle autant qu'impudique dans ses intentions, l'Ĺ“uvre prouve qu'elle peut se combiner Ă  une approche serioso et politiquement incorrecte.  
 
Malheureusement, les bonnes intentions du livret de prĂ©sentation ne se transforment pas pour autant en bonnes idĂ©es de mise en scène. L'ensemble pâtit d'une mollesse de rĂ©flexion et d'une morale aux forceps qui finit par lasser le plus rĂ©sistant des humanistes. RĂ©sumons : le rĂ©gime mussolinien fait rĂ©gner en ErythrĂ©e une dictature politique autant que sexuelle et raciste. La soldatesque traite la population locale comme une humanitĂ© infĂ©rieure qu'il s'agit de torturer et violer comme bon lui semble. Ce fascisme italien montrĂ© sous son jour le plus abject se double du racisme ordinaire de Dorabella et Fiordiligi, midinettes au cĹ“ur d'artichaut qui vont dĂ©couvrir leurs sentiments pour ces « Albanais Â». 
 
Le jeu cruel que propose Don Alfonso ne consiste pas simplement à grimer Ferrando et Guglielmo de telle sorte à ce qu'ils ne soient plus reconnaissables par leur fiancées ; le déguisement est poussé à la perfection et substitue une couleur de peau à une autre. Déjà assez vulgaires dans leur attachement initial, les deux femmes semblent jouir de l'opportunité de la situation sans autre forme de réflexion et de maturité que la naïve excitation des sens qui les traversent délicieusement. Cette lecture impose à l'œuvre un carcan relativement simpliste, soulignant lourdement le double adage Così fan tutte et Così fan tutti. 
 
Le Freiburger Barokorchester a tout pour séduire, à commencer par des cuivres impeccables et des cordes pulpeuses. Malgré cela, le morcellement de la ligne musicale par un Louis Langrée aux confins de la sècheresse et du pointillisme conduit l'entreprise à une forme d'enterrement de première classe.  
 
Le plateau très moyen doit se satisfaire d'une Lenneke Ruiten (Fiordiligi) correcte mais sans éclat, suivie par une Kate Lindsay (Dorabella) qui savonne son Smanie implacabili et ne parvient pas vraiment à séduire. Joel Prieto est un Ferrando à l'émission sommaire et anecdotique, dont la banalité semble contaminer l'expression de Nahuel di Pierro (Guglielmo) qu'on a connu en meilleure forme. Le Don Alfonso élimé de Rod Gilfry secoue les souvenirs de son Don Giovanni pour faire oublier l'absence de caractérisation de son Don Alfonso. La Despina sur pointes de Sandrine Piau affirme une présence en scène étourdissante qui parvient tant bien que mal à faire oublier les acidités de l'aigu et la minceur du grave. 
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