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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Neuvième Symphonie de Mahler par l’Orchestre de l’Opéra de Paris sous la direction de Philippe Jordan à la Philharmonie de Paris.
Mahler lyrico-dramatique
Avec les mêmes qualités et les mêmes réserves qu’en août dernier, Philippe Jordan dirige une Neuvième de Mahler très intelligemment construite en donnant au son une couleur Seconde École de Vienne. Ce travail analytique passe à côté de la puissance émotionnelle de l’Andante comodo, mais trouve une véritable force dans l’étirement des dernières minutes de l’Adagio.
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Les récents concerts du Philharmonique de Radio France et de l’Orchestre de Paris nous ont déjà fait écrire que les formations françaises possèdent maintenant, et plus particulièrement depuis une décennie, toutes les qualités pour développer la musique de Mahler, tant ils ont pris l’habitude de ces partitions. L’Orchestre de l’Opéra de Paris ne déroge pas à cette règle, et prouve encore une fois sous la baguette de son directeur musical que des violons aux percussions, tous sont parfaitement adaptés à porter la complexité polyphonique de l’écriture du génie autrichien.
Incontournable pour déterminer la valeur d’un orchestre, la musique de Mahler l’est aussi pour évaluer celle des nouvelles générations de chefs et mettre en exergue les penchants d’une époque, l’actuelle cherchant plus la limpidité des timbres et un agencement rigoureux des parties dans une lecture souvent au premier degré du texte plutôt qu’à répondre à des interrogations et problématiques immanentes à la création des œuvres. Et en cela Philippe Jordan rejoint les développements de Daniel Harding, auteur depuis le début de saison de belles Cinquième et Dixième, sans que jamais pourtant le son créé ne touche profondément autrement qu’intellectuellement.
Introduit avec douceur aux cordes et clarté à la harpe, l’Andante comodo suit ce soir une progression limpide dans un tempo lent dont chaque solo des vents se démarque. La construction devant appuyer une forte intensité du discours trouve ici un versant lyrico-dramatique, dans le sens opératique du terme : un véritable lyrisme de la ligne accolé à une gestion dramatique des structures musicales, autant par la gouvernance de la polyphonie et des ruptures que par l’importance donnée à l’exposition de l’une ou l’autre voix soliste.
Grâce à cela, on entend tout le modernisme de la partition, et les timbres qui déjà s’accordent à la fin de la musique tonale et conduisent au même moment Schoenberg à la remise en cause de la mélodie. Cette intelligence dans la direction trouve grâce avec les magnifiques instrumentistes de l’Orchestre de l’Opéra de Paris, créant une superbe masse d’ensemble, évidente depuis le parterre.
Intellectuel mais peu nostalgique ni encore moins douloureux, l’Andante laisse la place aux deux mouvements médians, un Ländler très contrôlé et maitrisé avec style sans jamais chercher l’humour ou la nostalgie mahlérienne. Le Rondo déploie une dynamique là encore très opératique, sans contresens pour un compositeur qui a tant dirigé à l’opéra. Puis l’Adagio est introduit par une superbe première phrase aux violons, où se déploient déjà les qualités d’agencement retrouvées dans une lenteur étirée jusqu’à l’excès lors de la coda, jamais hésitante mais suffisamment pure pour conduire à l’éther des derniers accords.
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Philharmonie, Paris Le 16/11/2016 Vincent GUILLEMIN |
| Neuvième Symphonie de Mahler par l’Orchestre de l’Opéra de Paris sous la direction de Philippe Jordan à la Philharmonie de Paris. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 9 en ré majeur
Orchestre de l’Opéra de Paris
direction : Philippe Jordan | |
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