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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Nouvelle production de 42nd Street dans une mise en scène et chorégraphie de Stephen Mear au Théâtre du Châtelet, Paris.
Feu d’artifice
Quel éclat ! Quelle magie plastique ! Quel entrain ! Eblouissant bouquet final des spectacles présentés au Châtelet au cours des dix dernières années, cette nouvelle production de 42nd Street couronne le règne de Jean-Luc Choplin. Une fête d’ensembles et de détails d’une rare rutilance, à partager avec ses acteurs avant la fermeture pour travaux du théâtre.
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Le rideau se lève de cinquante centimètres, jolies jambes et claquettes se multiplient sur toute la scène du Châtelet, une étape ravissante avant la découverte de chorus lines dont la perfection esthétique saisit les spectateurs aussitôt dans le rythme, l’entrain, la bonne humeur des danseurs qui auditionnent pour la création d’une nouvelle comédie musicale à Broadway, Pretty Lady. Destinée à renflouer les artistes victimes du crash de 1929 et divertir une population accablée de sinistrose, elle implique un défi de travail et d’incertitude motivés par un immense espoir.
Sur cette trame, répétitions et clou du spectacle final se vivent dans un plaisir sans cesse incessant. Dus à Peter McKintosh, les décors mirobolants se renouvellent comme par enchantement, les costumes montent une gamme fabuleuse de réalisme et de rêve, du quotidien des années 1930 aux tenues époustouflantes du show en devenir. L’ensemble de la trentaine de boys and girls de la troupe est d’un professionnalisme fascinant. Ils sont jeunes, ils sont beaux, expressifs, séducteurs et séduisants, pas une seconde ni un centimètre ne décalent leurs performances au fil de numéros étourdissants. Démiurge de ce spectacle d’une rare magnificence, le Britannique Stephen Mear, remarqué l’an dernier dans Singin in the rain sur la même scène, fusionne mise en scène et chorégraphie avec une même inspiration.
Les solistes s‘intègrent sans débords à ce backstage musical, juxtaposition intéressante du monde des coulisses et de celui de la scène. Bien qu’elle n’en soit pas la première vedette et se place en cinquième position sur le programme, la plantureuse Jennie Dale s’impose en reine du plateau, dansant et chantant et jouant avec autant de faconde que de drôlerie dans le rôle de Maggy, coauteur de cette Pretty Lady mise en péril à plusieurs reprises.
Excellente comédienne, Ria Jones incarne le rôle de Dorothy Brook, la star sur le déclin, capricieuse, entretenue et par ailleurs amoureuse. Monique Young joue sa future remplaçante sans trop se soucier d’avoir l’innocence de la jolie Peggy annoncée timide et gauche. Mais ses claquettes priment sur la justesse de ses poses, encore que leur virtuosité s’accompagne d’une certaine raideur de gestes. Le ténor Dan Burton est un jeune premier charmeur et convaincant. Et Alexander Hanson émeut en Julian Marsh, metteur en scène de cette Pretty Lady qui va les sauver tous de la misère et de la dépression.
Leurs lyrics ont une présence musicale et dramatique tissée de danses et de prouesses théâtrales. Même si la sonorisation ne flatte pas le timbre des voix, chacun chante aussi bien qu’il danse, ce n’est pas à Paris que ces artistes ont appris à maîtriser ainsi les facettes de leur art. Le talent est partout, dans des scènes d’une superbe plastique, comme celle des ombres, dans des scènes gentiment bouffonnes, telle celle de la répétition d’une scène d’amour édulcorée par la jalousie du protecteur de la vedette ; ou quand suite à la chute de celle-ci en pleine représentation, Julian annonce à son public que la représentation ne peut se poursuivre et fait baisser le rideau : fin du premier acte ! Le second n’a pas tout à ait la même verve. Les états d’âme de Peggy rompent le mouvement sans pause de l’initiation du premier un court moment heureusement balayé par la reprise du défi et sa triomphale victoire.
La musique ne se soucie pas de nuances mais de rythme. À la tête de l’Orchestre du Châtelet, essentiellement formé de cuivres, Gareth Valentine choisit un fortissimo uniforme quelque peu bruyant en ouverture des deux actes, mais d’une grande efficacité par la suite pour rythmer la partition de Harry Warren dans sa version révisée en 2001 par Donald Johnston, adaptation, arrangements et lyrics complémentaires parfaitement intégrés et enrichissants.
Adapté du film mythique de Lloyd Bacon sorti en 1933, passé de l’écran à la scène en 1980 sous la houlette de Gower Champion, la nouvelle comédie musicale tiendra l’affiche à Broadway pendant neuf ans. Maintenant à Paris dans la nouvelle production du Châtelet, somptueuse et divertissante, quintessence du genre, 42nd Street couronne les dix années de règne de Jean-Luc Choplin.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 19/11/2016 Claude HELLEU |
| Nouvelle production de 42nd Street dans une mise en scène et chorégraphie de Stephen Mear au Théâtre du Châtelet, Paris. | 42nd Street
musique : Harry Warren
lyrics : Al Dubin
livret : Michael Stewart & Mark Bramble, d’après le roman de Bradford Ropes
mise en scène et chorégraphie originales : Gower Champion
producteur original à Broadway : David Merrick
Adaptation musicale, arrangements et orchestrations supplémentaires : Donald Johnston
Version révisée de 2001
Ensemble de danseurs et chanteurs
Orchestre du Châtelet
direction musicale : Gareth Valentine
mise en scène et chorégraphie : Stephen Mear
décors et costumes : Peter McKintosh
éclairages : Chris Davey
Avec :
Alexander Hanson (Julian Marsh), Ria Jones (Dorothy Brock), Monique Young (Peggy Sawyer), Dan Burton (Billy Lawler), Jennie Dale (Maggie Jones), Carl Sanderson, Emma Kate Nelson, Stephane Anelli, Matthew McKenna, Teddy Kempner, Chantel Bellew, Charlie Allen, Emily Goodenough, Jessica Keable, Barnaby Thompson, Scott Emerson. | |
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