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CRITIQUES DE CONCERTS 01 novembre 2024

Reprise de Turandot de Puccini dans une mise en scène de Carlus Padrissa et sous la direction de Dan Ettinger à la Bayerische Staatsoper de Munich.

Une reine de glace futuriste
© Wilfried Hösl

Créée en 2011, la mise en scène de Carlus Padrissa transporte Turandot dans un futur proche fantasmé à travers plusieurs références cinématographiques. Le résultat divertit plus qu’il ne surprend, mais soutient dynamiquement une très bonne distribution, tandis qu’en fosse Dan Ettinger développe un tapis sonore terriblement efficace.
 

Nationaltheater, MĂĽnchen
Le 03/12/2016
Vincent GUILLEMIN
 



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  • Alors qu’une photo rĂ©unissant Ridley Scott, Ryan Gosling, Harrison Ford et Denis Villeneuve sert de teasing depuis deux mois Ă  la prĂ©paration d’un nouveau Blade Runner intĂ©grĂ© en 2049, la Bayerische Staatsoper de Munich reprend cette saison sa mise en scène de Turandot et son iconographie autour de la double rĂ©fĂ©rence au film d’anticipation de Ridley Scott et Ă  celui de Wong Kar-wai, 2046.

    Carlus Padrissa insère l’intrigue de Carlo Gozzi dans un univers d’anticipation où la Chine aurait asservi l’Europe et serait sous contrôle fasciste, guidée par la glaciale reine Turandot. Mais ne nous y trompons pas, car si son confrère Calixto Bieito, issu lui aussi du collectif Catalan La Fura dels Baus, avait bien développé un message politique pour la même œuvre au travers du Salo de Pasolini l’an passé à Toulouse, l’analyse de Padrissa s’arrête à un travail plastique dans lequel l’ambiance noire des films précités s’allie à un œil tournant rappelant celui des générique de James Bond, le tout assisté de lunettes 3D offertes à l’entrée en salle et permettant quelques effets augmentés lors de l’apparition du Mandarin, puis de Turandot.

    Une partie de hockey sur glace avec la tĂŞte d’un prince battu aux Ă©nigmes, puis une mer de tĂŞtes coupĂ©es au II et des images de lits suspendus au III agrĂ©mentent l’histoire de façon ludique sans rĂ©ellement proposer une nouvelle manière de voir l’œuvre, mais en la plongeant dans des Ă©clairages sombre, bleutĂ©s et froids d’Urs Schönebaum, pour s’achever sur un champ de bambous d’oĂą le plus long au milieu de scène servira Ă  empaler LiĂą quand il faudra la faire parler. En refusant la fin d’Alfano ou mĂŞme celle de Berio, le spectacle s’achève quelques minutes après la mort de LiĂą, presque comme Ă  sa crĂ©ation en 1926 par Toscanini, mais sans que le chef ne se retourne cette fois pour annoncer que « L'autore ha musicato fin qui, poi è morto. Â»

    Devant porter sur ses jeunes épaules le destin tragique de la servante et le final de l’opéra, Golda Schultz lance ses superbes aigues avec ferveur dans une palette vocale de soprano léger, presque colorature, qui rend surtout magnifique ses interventions au I ; les deux derniers airs de l’œuvre trouvent une belle assise dans le médium mais manque encore de toute l’émotion que l’on peut y apporter. Stefano La Colla campe un prince plus en force qu’à La Scala en 2015, dont la voix puissante dépasse sans peine un volume d’orchestre sans concession, mais son Nessun dorma aurait pu mériter plus de finesse.

    L’artiste la plus complète de la soirée est donc Turandot elle-même, non pas Nina Stemme prévue sur toutes les autres dates, mais pour cette première de reprise une autre grande Brünnhilde et Isolde en la personne de Catherine Foster. Le style est celui d’un soprano dramatique, dans la continuité d’une Nilsson et à l’opposé d’une Callas, qui fonctionne parfaitement, d’autant que rien n’est à redire tant sur la puissance de projection que sur les variations de couleurs ou la brillance de l’aigu.

    Le reste de la distribution plus que correct laisse surtout ressortir le Mandarin d’Anatoli Sivko et le Ping d’Andrea Borghini, plus présent que ses confrères mais aussi plus habile dans la transmission du texte et dans le jeu, tandis que le chœur vigoureux exalte ses nombreuses parties. Dan Ettinger coordonne l’ensemble en s’occupant très régulièrement du plateau et en montrant ses qualités de chef d’opéra, mais aussi celle de chef symphonique dans une vision violente et comme déjà évoquée sans concession de la partition orchestrale. Il ne faut y chercher le lyrisme d’un Chailly ni la finesse d’un Levine, mais cette façon de frapper à chaque coup de timbale ou d’arracher des cris à chaque attaque de cuivres maintient une tension dramatique d’une incroyable efficacité tout au long de cette belle représentation.




    Nationaltheater, MĂĽnchen
    Le 03/12/2016
    Vincent GUILLEMIN

    Reprise de Turandot de Puccini dans une mise en scène de Carlus Padrissa et sous la direction de Dan Ettinger à la Bayerische Staatsoper de Munich.
    Giacomo Puccini (1858-1924)
    Turandot, opéra en trois actes et cinq tableaux
    Livret de Giuseppe Adami et Renato Simoni d'après Carlo Gozzi

    Chor, Extrachor und Kinderchor der Bayerischen Staatsoper
    Bayerisches Staatsorchester
    direction : Dan Ettinger
    mise en scène : Carlus Padrissa
    décors : Roland Olbeter
    costumes : Chu Uroz
    vidéos : Franc Aleu
    éclairages : Urs Schönebaum
    préparation des chœurs : Sören Eckhoff

    Avec :
    Catherine Foster (Turandot), Ulrich ReĂź (L'empereur Altoum), Goran Jurić (Timur, Roi), Stefano La Colla (Calaf), Golda Schultz (LiĂą), Andrea Borghini (Ping), Kevin Conners (Pang), Matthew Grills (Pong), Anatoli Sivko (Un mandarin), Thorsten Scharnke (Prince de Perse).

     


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