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CRITIQUES DE CONCERTS |
09 mai 2025 |
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Nouvelle production de Don Pasquale de Donizetti dans une mise en scène de Damiano Michieletto et sous la direction d’Evelino Pidò à l’Opéra de Paris.
Sans murs, pas sans humour
Après La Scala, Paris est la seconde maison d’envergure internationale à proposer un nouveau Don Pasquale cette saison. La scénographie résolument moderne de Damiano Michieletto maintient un cadre resserré pour permettre à une distribution haut de gamme de faire fructifier le dramma buffa en scène, bien dynamisé par Evelino Pidò en fosse.
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Après Milan, le plus célèbre opéra buffa de Donizetti trouve une seconde production inédite cette saison avec celle du Palais Garnier, qui offre au passage l’entrée de l’œuvre au répertoire de l’Opéra de Paris. Damiano Michieletto a pour cela fait appel au scénographe Paolo Fantin, avec un décor qui en a choqué plus d’un par son absence de murs. Pourtant, si l’antre de Don Pasquale ne se trouve certes défini que par quatre portes, et qu’à plusieurs reprise l’utilisation de vidéos pour intégrer les acteurs sur fond vert vers d’autres lieux fait surtout figure de gadget, l’élément principal de l’opéra, l’humour, est tout à fait maintenu.
Des indices posés sur scènes, les quelques composants du décor montrent d’abord une vieille Lancia, une vielle baignoire, un vieux lit, de vieilles portes et une vieille horloge qui attend Don Pasquale sans même encore fonctionner. Passé son mariage fictif, exit l’avarice de l’amuseur au profit des caprices de l’amusée : en vraie peste nouvelle riche, la Norina de Nadine Sierra s’est offert tout ce que l’on fait de plus kitsch dans le design moderne, d’une horloge comtoise Tiuku (de l’artiste Ari Kanerva) à une Maserati Quattroporte de la génération du renouveau de la marque italienne.
D’une lumière noire, la scène est devenue blanche après la fête, et sauf l’anti-héros du soir toujours en habit du siècle passé, les autres s’affichent affublés d’actuels costumes ringards préparés par Agostino Cavalca. On peut alors reprocher que le modernisme de la scénographie n’apporte rien, pour autant, il n’ôte rien non plus et permet à une distribution complice, sans doute mieux préparée pour cette septième représentation qu’aux premières, de s’amuser et de divertir le public tout au long de la soirée.
En excellent Don Pasquale, Michele Pertusi livre une prestation plaisante d’une projection et d’une diction parfaitement claires. Florian Sempey ravit autant si ce n’est plus par la ligne de chant impeccable et le style cabotin en scène. On pense qu’il a le plus beau métier du monde lorsqu’à la dernière image, c’est lui en Dottor qui finit avec Nadine Sierra sur les genoux pour l’embrasser.
La soprano américaine, trop reléguée à n’interpréter que Gilda actuellement, n’est pas exactement dans sa tessiture ni dans son style pour Norina, mais on ne voit qu’elle lorsqu’elle entre en scène et tient toutes les notes de sa difficile partie, en même temps que sa ligne se démontre souple et agile. Son amant Ernesto revient aussi à un Américain, le ténor Lawrence Brownlee, comme elle pétillant sans être très net sur les vocalises.
Le Chœur de l’Opéra de Paris s’en sort ce soir avec les honneurs, notamment dans ses individualités lors de courtes interventions au début de l’acte III, tandis qu’en fosse, la partie des musiciens délégués à ce répertoire et donc plus souvent à Garnier qu’à Bastille démontre clairement leur caractère supérieur aujourd’hui par rapport à l’autre groupe de l’Orchestre de l’Opéra de Paris.
Dynamisée par Evelino Pidò dans un très bon soir, alors qu’il se remet à l’ouvrage avant d’y revenir encore à la rentrée au Wiener Staatsoper, l’ensemble offre une partition légère et sémillante, de laquelle se démarque une trompette au superbe solo en introduction du II, pour laquelle on espère seulement que l’échauffement sur trois motifs de symphonies de Mahler à l’entracte ne masque pas une dépression à venir…
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