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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whun Chung, avec la participation du pianiste Seong-Jin Cho à la Philharmonie de Paris.
Cho & Chung
Pour son retour, dans une forme qu’on ne lui avait pas connue depuis des mois, devant l’Orchestre Philharmonique de Radio France et dans un programme entièrement consacré à Tchaïkovski, Myung-Whun Chung entre accompagné de son compatriote coréen Seong-Jin Cho et s’attèle à un Concerto pour piano n° 1 tapageur avant une Symphonie Pathétique mieux dosée.
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Lorsqu’il est apparu il y a quelques années sur la scène internationale, le Coréen Seong-Jin Cho a immédiatement fait mentir les préjugés basés sur le fait que les artistes de cette région du globe n’étaient avant tout que des instruments de dextérité, éloignés d’un discours ample et intellectuellement construit. Pour autant et si la finesse de jeu du jeune pianiste se ressent immédiatement dans le prélude La Fille aux cheveux de lin de Debussy offert en bis ce vendredi, son interprétation du Premier Concerto de Tchaïkovski se démarque de ses précédentes exécutions par un jeu martelé, souvent tapageur.
L’œuvre n’est certes pas considérée comme la plus fine du répertoire et choisir la version jouée depuis plus d’un siècle ne fait que confirmer cette sensation, aujourd’hui inopportune lorsqu’on la compare à l’édition critique parue dernièrement, enregistrée notamment par Kirill Gerstein et bientôt Jean-Yves Thibaudet avec Semyon Bychkov, grâce à laquelle on comprend à quel point nombre de parties ont été mal et trop vulgairement interprétées.
Cho y plonge à bras le corps avec une technique trop prononcée, bien que sans aucune commune mesure à celle de l’école russe, sauf peut-être du bruyant Matsuev. Le style nerveux ne rend alors pas justice à l’Allegro non troppo e molto maestoso, en plus de ne pas s’accorder avec la gestique pleine de verve mais nettement moins caricaturale d’un Myung-Whun Chung qui confirme les impressions de forme physique retrouvées depuis quelques mois, après de difficiles moments ces dernières années.
Avec la même énergie et sans combler le manque émotionnel souvent remarqué chez le chef, la Symphonie Pathétique ouvre sur un rendu plus contracté et mieux canalisé que lorsqu’il lui fallait suivre le pianiste. Les cordes du Philharmonique déploient alors ce qu’on leur connaît de plus beau, sans toutefois trouver cette nostalgie du nord entendue de manière magistrale il y a deux ans avec son directeur musical Mikko Franck.
Les bois, à commencer évidemment par le basson, se démarquent également de cette interprétation, tout comme les cuivres, non seulement les cors, impeccables dès la deuxième partie (Allegro non troppo) du premier mouvement, mais aussi les trombones d’une superbe netteté, ainsi que le tuba, parfaitement équilibré tant lorsqu’il porte le thème que dans les contrepoints.
Les deux mouvements suivants pris à grande vitesse n’affolent jamais la machine orchestrale parfaitement rodée, et laissent bien sûr place à un tonnerre d’applaudissement à la fin de l’Allegro molto vivace, coupé au bout d’une quinzaine de secondes par Chung avec un geste ample des deux bras pour procurer une violente attaque de cordes et introduire un Adagio lamentoso surtout prenant vers la fin, malgré un spectateur trop pressé lui aussi, au point d’applaudir alors qu’il reste encore une dizaine de mesures aux violoncelles et aux contrebasses pour achever l’ouvrage.
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Philharmonie, Paris Le 01/02/2019 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whun Chung, avec la participation du pianiste Seong-Jin Cho à la Philharmonie de Paris. | Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Concerto pour piano et orchestre n° 1 en sib mineur, op. 23
Seong-Jin Cho, piano
Symphonie n° 6 en si mineur, op. 74 « Pathétique »
Orchestre Philharmonie de Radio France
direction : Myung-Whun Chung | |
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