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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Concert Ravel de l’Orchestre des Champs-Élysées sous la direction de Louis Langrée, avec la participation de la mezzo-soprano Anne Sofie von Otter au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Couleurs ravéliennes
De retour devant l’Orchestre des Champs-Élysées pour six soirs avec un seul programme intégralement consacré à Ravel, Louis Langrée passe le deuxième jour par l’Avenue Montaigne pour déployer les couleurs de quatre partitions, accompagné dans les trois poèmes de Shéhérazade par Anne Sofie von Otter et son phrasé subtilement nuancé.
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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Louis Langrée est maintenant à Cincinnati, mais ses derniers passages en France ont été remarqués, tant en fosse à l’Opéra Comique et au Théâtre des Champs-Élysées, qu’en symphonique à la Maison de la Radio et à la Seine Musicale. Il retrouve la scène du théâtre parisien pour un soir, au début d’une tournée de six dates avec l’Orchestre des Champs-Élysées.
On entendait encore en décembre dernier dans Hamlet avec le même orchestre comme le chef aime faire ressortir les couleurs des partitions françaises, de même que sa façon de ne jamais s’imposer sur l’œuvre par l’interprétation. De cette manière de toucher à la musique sans la dénaturer, juste en la mettant en valeur par la fluidité, la légèreté naturelle et la couleur, le Pelléas du TCE il y a deux ans avait démontré la parfaite maîtrise, comme ce soir l’illustrent à nouveau les sonorités développées pour accompagner les poèmes de Shéhérazade.
Anne Sofie von Otter n’a plus le souffle ni ses aigus d’autrefois, mais ce n’est plus ce qu’il faut rechercher aujourd’hui, à l’inverse d’une prosodie impeccable, où chaque mot parfaitement compréhensible n’est jamais altéré dans son discours. A peine a-t-elle énoncé le mystère que celui-ci apparaît derrière aux clarinettes, parmi un orchestre particulièrement bien préparé dans cette œuvre, du suave premier violon aux harpes cristallines.
Évidemment, l’ensemble sur instruments d’époque ne réserve pas les timbres chatoyants que l’on entend régulièrement avec l’Orchestre de Paris ou l’Orchestre national de France, et c’est donc sans excès d’éclat, mais avec un son dans la pleine tradition française, que Langrée ouvre le concert par la rare ouverture Shéhérazade. Puis en début de seconde partie, il propose Ma Mère l’oye, là encore tout en retenue, avec une scène des oiseaux portées par les bois et un premier violon aux très beaux grincements.
Laideronette a déjà connu plus d’expansivité, mais maintient la même approche, avant des Entretiens de la Belle et de la Bête mesurés, puis un vaste Jardin féérique. Sombre dès l’introduction par les cordes graves et le contrebasson, La Valse ne recherche jamais tant la danse que l’intériorité pour clôturer ce beau concert, juste avant un bis particulièrement finement traité ; toujours Ravel, avec cette fois le Menuet du Tombeau de Couperin.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 20/05/2019 Vincent GUILLEMIN |
| Concert Ravel de l’Orchestre des Champs-Élysées sous la direction de Louis Langrée, avec la participation de la mezzo-soprano Anne Sofie von Otter au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Maurice Ravel (1875-1937)
Shéhérazade, ouverture de féérie
Shéhérazade, trois poèmes pour voix et orchestre
Anne-Sofie von Otter, mezzo-soprano
Ma Mère l’oye
La Valse
Orchestre des Champs-Élysées
direction : Louis Langrée | |
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