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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Nouvelle production d’I Masnadieri de Verdi dans une mise en scène de David McVicar et sous la direction de Michele Mariotti à la Scala de Milan.
Brigands sans souffle
Après Attila en début de saison, La Scala poursuit sa dynamique dans la remise en avant des opéras de jeunesse de Verdi avec I Masnadieri. Le livret d’après Schiller inspire une contextualisation douteuse à David McVicar, quand la musique se voit correctement traitée par la direction et un plateau dont ressortent Fabio Sartori et Michele Pertusi.
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Complicité artistique
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Alexander Pereira avait ouvert son mandat avec Giovanna D’Arco. Depuis, d’autres raretés ont été proposées, à l’instar d’I due Foscari. Déjà en début de saison, Attila ne convainquait que partiellement par la proposition scénique et la distribution. Avec Les Brigands, Verdi revient à Schiller et donc à un livret alambiqué, peu soutenu par la transcription en vers italiens d’Andrea Maffei. Sur la mise en scène, notre remarque de la semaine dernière sur Les Puritains à Liège, et le besoin de contextualiser l’écriture de l’œuvre plutôt que d’en mettre en scène l’histoire, peut être reprise telle quelle.
Car si David McVicar nous a habitué à de simples propositions classieuses, il tente cette fois d’entrer sur les terres de Stefan Herheim en intégrant sur scène non pas le compositeur, mais le dramaturge. Schiller est donc un intervenant muet, fouetté au début comme il l’a été en prison à la période de l’écriture, puis tuant Francesco et poussant Amalia à se suicider, quitte à modifier la fin écrite par le vrai dramaturge.
Le jeu d’acteur trop réducteur ne développe pas cette proposition, et si le décor est flatteur à l’œil, il ne trouve qu’une idée, elle aussi trop vue, d’une caserne qui se désagrège à mesure que le livret avance, avec des lits d’hôpital au II, puis montre le passage du feu au dernier acte en guise de Prague incendiée. Les costumes ramènent eux-aussi à l’époque de la pièce, sans risquer de se fâcher avec les amateurs de propositions classiques.
En fosse, on attendait donc beaucoup de Michele Mariotti, après ses Lombardi de Turin. Mais I Masnadieri, entendus à la Scala pour la dernière fois en 1978, sont moins bien écrits. En plus d’assembler avec trop de convention ensembles, airs et cabalette, le chef italien ne propose qu’un matériau d’orchestre assez lourd, duquel ne ressort qu’un son brut.
Au chant se démarque le ténor Fabio Sartori, dont le timbre n’est toujours pas flatteur et la ligne parfois limitée dans la souplesse, mais dont l’aigu est toujours vaillamment utilisé, et bien identifié dans les ensembles. Son plus grand moment s’accorde à celui de Michele Pertusi, autre point fort de la distribution, lors de leur splendide duo, même si la basse impacte également dans les autres scènes de Massimiliano (Un ignoto tre lune or saranno).
Lisette Oropesa pour ses débuts à La Scala, se montre en petite forme lors de cette soirée filmée. L’aigu est bien présent passée l’entrée, tout comme l’agilité de la ligne, mais le rôle est plus écrit pour une Amelia du Ballo que pour cette superbe Gilda, et si son Carlo vive? du II nous promet de grands moments pour sa prise de rôle de La Traviata l’an prochain à Madrid, sa scène finale manque de puissance.
Massimo Cavaletti expose enfin un chant plus dur et manque de noirceur comme de legato pour développer un grand Francesco, tandis que des seconds rôles, on passe sur l’aigre Rolla de Matteo Desole pour se tourner plutôt vers l’Arminio valeureux de Francesco Pittari, ainsi que le Coro del Teatro alla Scala, bien préparé par Bruno Casoni et point fort de nombreuses scènes dans lequel il apparaît.
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