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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Nouvelle production d’Orphée aux Enfers d’Offenbach dans une mise en scène de Barrie Kosky et sous la direction d’Enrique Mazzola au festival de Salzbourg 2019.
Salzbourg 2019 (7) :
Diablement drĂ´le
En cette année Offenbach, Salzbourg confie son premier Orphée aux Enfers à Barrie Kosky et Enrique Mazzola. En dépit d’une direction floue et d’un plateau cosmopolite, le metteur en scène signe un spectacle percutant, millimétré, aussi vaudevillesque que militant pour la liberté face aux convenances, pour un résultant diablement réjouissant.
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« L’opérette est une partouse avec l’opéra et le vaudeville. » Nous voilà prévenus. Il y aura du pénis, de la vulve, des coups de langues, des boules (de glace), des grognements, des ronflements, des rots, et assurément on a vu plus élégant ; mais le metteur en scène qui s’exprime ainsi est suffisamment brillant pour signer un spectacle irrésistible, diaboliquement maîtrisé, qui sait éviter les pièges, tel ce choix contestable, et justifié (à tort) par l’internationalité du plateau (comme s’il n’était pas possible de retourner le problème et de recruter les chanteurs en fonction de la langue) de laisser chanter en français et parler en allemand.
Au-delà d’une explication symbolique (Éros chante en français, Thanatos parle en allemand), Barrie Kosky utilise cette contrainte pour faire de John Styx le narrateur de l’histoire et l’intermédiaire des personnages : à lui de bruiter la totalité du théâtre dans une virtuosité éblouissante, saluée par une standing ovation explosive.
Accompagnant dès l’ouverture une Opinion publique hilarante (Anne-Sofie von Otter truculente en pasteure suédoise accro aux feux de la rampe), il parvient à caractériser chaque personnage dans une invention foisonnante de gags et de types de voix, et même si le procédé peut devenir lassant, on se surprend à ne plus faire la différence entre le chanteur et sa voix parlée prêtée par un Max Hopp qui ne démérite pas dans le chant de ses couplets.
Dans une scénographie millimétrée, le spectacle déroule son rythme impeccable où alternent gags de boulevard (le couple Eurydice/Orphée), ballets délirants (les impayables abeilles d’Aristée), changements de décor virtuoses sur un Olympe en Radeau de la Méduse sorti de l’atelier d’un Watteau déjanté, des Enfers interlopes où un diable monumental préside à une bacchanale de music-hall ; tout cela avec les accents d’un hymne à la liberté contre les convenances.
Chichement dirigé par un Enrique Mazzola à la peine pour juguler le rubato d’un Philharmonique de Vienne aux bois fragiles, aux cordes mieux taillées pour les Métamorphoses de Strauss que celles d’Offenbach, le plateau compte des forces inégales : ici très (trop ?) lyriques – le Jupiter charbonneux de Martin Winkler, la Diane Walkyrie de Vasilisa Berzhanskaya, le Cupidon épais de Nadine Weissmann –, là bien exsangues – von Otter citée plus haut, Frances Pappas, Junon ravagée tant dans la voix que dans le personnage –, tous ou presque à la peine avec le français.
Très belle proposition d’Orphée pour Joel Prieto, guindé à l’extrême, et l’incendiaire Kathryn Lewek, Eurydice tout sauf distinguée, femme libérée qui assume ses appétits sexuels et son mépris des convenances, voix peut-être trop onctueuse dans l’absolu, mais au chant carnassier en accord avec le personnage.
Si Lea Desandre tire évidemment son épingle du jeu côté style et diction, et si Peter Renz est impossible en Mercure, pataud et sans projection, c’est surtout un éblouissant Marcel Beekman qui brille par son intelligence : plasticité du matériau, variété de couleurs, présence et humour font oublier une diction imparfaite mais très intelligible. Le créateur du rôle était un des plus célèbres travestis de Paris ; on ne pouvait rêver meilleur hôte que ce Pluton troisième sexe pour animer cette fête infernale.
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Haus fĂĽr Mozart, Salzburg Le 30/08/2019 Thomas COUBRONNE |
| Nouvelle production d’Orphée aux Enfers d’Offenbach dans une mise en scène de Barrie Kosky et sous la direction d’Enrique Mazzola au festival de Salzbourg 2019. | Jacques Offenbach (1819-1880)
Orphée aux Enfers, opéra-bouffon en deux actes et quatre tableaux
Livret d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy
MĂ©lange des versions de 1858 et 1874
Vocalconsort Berlin
Wiener Philharmoniker
direction : Enrique Mazzola
mise en scène : Barrie Kosky
décors : Rufus Didwiszus
costumes : Victoria Behr
Ă©clairages : Franck Evin
chorégraphie : Otto Pichler
préparation des chœurs : David Cavelius
Avec :
Anne Sofie von Otter (L’Opinion publique), Max Hopp (John Styx), Kathryn Lewek (Eurydice), Joel Prieto (Orphée), Marcel Beekman (Aristée / Pluton), Nadine Weissmann (Cupidon), Lea Desandre (Vénus), Martin Winkler (Jupiter), Frances Pappas (Junon), Rafal Pawnuk (Mars), Vasilia Berzhanskaya (Diane), Peter Renz (Mercure). | |
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