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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Concert de l’Israel Philharmonic Orchestra sous la direction de Zubin Mehta à la Philharmonie de Paris.
Vieux prêtre d’Israël
Pour le premier des deux concerts de l’une de ses dernières tournées en tant que directeur musical de l’Israel Philharmonic Orchestra, Zubin Mehta débute par le concertino d’un ancien musicien de l’ensemble, avant une Symphonie concertante de Haydn mettant en valeur ses solistes actuels, puis une Symphonie fantastique tenue avec poigne.
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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De la même génération que Bernard Haitink bien que de sept ans son cadet, Zubin Mehta entre lui aussi maintenant d’un pas mesuré à l’aide d’une canne pour rallier le podium sur lequel l’attend une chaise haute. Il s’assoie calmement puis laisse tomber la canne à terre, troquée pour une baguette, magique en cela qu’elle lui procure immédiatement le geste vif et l’œil alerte.
Pour ce premier des deux concerts de tournée de l’Israel Philharmonic Orchestra à la Philharmonie de Paris, il a ajouté au programme initial un court Concertino pour cordes d’Ödön Pártos, compositeur hongrois puis israélien, également altiste de l’orchestre et professeur de nombres de ses musiciens actuels. L’ouvrage est un bel hommage de la part de Mehta, bien qu’il ne cache le style plus affirmé des grands compositeurs du XXe siècle, et ressemble parfois à s’y méprendre aux symphonies de chambre de Chostakovitch orchestrées par Rudolf Barshaï.
La formation s’adapte ensuite pour interpréter Haydn, avec une quarantaine d’instrumentistes, dont quatre contrebasses, déjà bien utilisées par un chef dont la maîtrise d’orchestre se montre toujours intacte. Les quatre solistes nécessaires pour la Symphonie concertante Hob.I :105 démontrent par leur aisance la qualité de la formation israélienne, à commencer par le basson chaud et ample de Daniel Mazaki, bien épaulé par le violoncelle d’Emanuele Silvestri, ancien soliste de l’Orchestre de la Fenice, dont la légèreté de style latin se ressent encore aujourd’hui.
Le hautbois de Christopher Bouwman se joue avec facilité de sa longue partie ; il sera par la suite légèrement plus en difficulté lors du Bal de la Symphonie fantastique, dans laquelle Mehta, à demander un jeu compact, force la petite harmonie à durcir le souffle. Le premier violon de David Radzynski complète le quatuor avec une superbe virtuosité, particulièrement habile sur la chanterelle.
Interprétée dans une optique romantique, la Fantastique attire surtout par le délié des cordes qui laisse entendre chaque note de chaque mesure, et la façon dont le chef indien parvient à faire gronder les groupes les plus graves, avec une magnifique présence des contrebasses. Il installe rapidement l’atmosphère de Rêverie-Passions, mais pèche quelque peu par le climat de la Scène aux champs, bien que la mise en avant d’un contre-chant d’altos préfigure déjà avec brio la marche vers la mort de l’artiste.
La tenue ferme de la Marche au supplice perd seulement au tutti trop vite préparé et au flottement dans les cordes pour les pizz conclusifs, mais on enchaîne avec un Songe d’une nuit de sabbat escorté par les excellents percussionnistes, soutenus par quatre hautbois infernaux. En bis, le chef aux cinq Concert du Nouvel An viennois offre une fervente polka de Strauss, Unter Donner und Blitz, avec sifflet et trombones levés succinctement à chacune de leurs interventions. Puis c’est au tour du public de se lever, pour une ovation en forme de demi au revoir, offerte au directeur musical à vie d’une formation dont il vient lui-même de transmettre les rênes pour 2020, au déjà passionnant Lahav Shani.
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Philharmonie, Paris Le 09/09/2019 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Israel Philharmonic Orchestra sous la direction de Zubin Mehta à la Philharmonie de Paris. | Ödön Pártos (1907-1977)
Concertino pour orchestre
Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie concertante en si bémol majeur Hob.I:105
David Radzynski, violon
Emanuele Silvestri, violoncelle
Christopher Bouwman, hautbois
Daniel Mazaki, basson
Hector Berlioz (1803-1869)
Symphonie fantastique op. 14
Israel Philharmonic Orchestra
direction : Zubin Mehta | |
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