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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Reprise de Lohengrin dans la mise en scène de Richard Jones, sous la direction de Lothar Koenigs à la Bayerische Staatsoper de Munich.
Construire un toit
Après dix ans, la production du Lohengrin de Munich ne dévoile toujours pas l’intérêt du concept imaginé par Richard Jones, même lorsqu’elle est servie par le plus évident des ténors dans le rôle-titre, Klaus Florian Vogt, aux côtés de la jeune Elsa de Johanni van Oostrum, sous le flux sonore de l’orchestre porté par Lothar Koenigs.
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Complicité artistique
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Hommage au réalisme poétique
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Créée en 2009 avec Jonas Kaufmann et Anja Harteros, la mise en scène de Richard Jones pour Lohengrin à Munich ne démontre toujours pas l’intérêt de son propos, transposé vers un réalisme trop vite dépassé. Cette proposition ouvre sur Elsa, architecte de sa propre maison, érigée pierre après pierre sur scène au cours des deux premiers actes. Une fois achevée, l’agréable bâtisse de montagne à l’intérieur en pin semble le parfait cocon d’un couple tout juste créé, avec son amant sorti de nulle part, un cygne à la main.
Mais Elsa casse la magie en demandant au chevalier qui il est, alors celui-ci met le feu, brûlant ainsi le rêve d’avenir et toute possibilité d’une vie heureuse en compagnie d’enfants. Lohengrin parti après avoir présenté le nouveau roi, le peuple dépité met une arme à la bouche, pour un suicide collectif aussi peu marquant que cohérent.
Kaufmann a laissé cette reprise à Klaus Florian Vogt, déjà entendu plus tôt dans la production, comme dans toutes les grandes de ces dernières années, à Bayreuth, Berlin, Vienne ou Londres. Ses airs s’y font toujours aussi ensorcelants, tout comme ses arrivées de la coulisse, de cette voix surnaturelle, idéale et sans doute référentielle pour les décennies à venir tant elle correspond à l’écriture du rôle.
Face à lui, Anja Harteros, annoncée souffrante, est remplacée par une chanteuse plus jeune et plus apte à tenir Elsa aujourd’hui. La Sud-africaine Johanni van Oostrum remporte un très bel accueil pour sa prestation, lyrique et enlevée, seulement encore trop peu sensible dans le duo du II.
Le couple noir pose plus de problème, car si Wolfgang Koch possède l’expérience et l’intelligence, le souffle lui manque et il traite souvent presque en Sprechgesang de nombreuses parties. Le timbre s’est également grisé et a perdu en nuance, laissant regrettable que le Héraut du soir, Martin Gantner, ne soit pas à sa place.
Karita Mattila possède tout le charisme scénique que l’on attend d’elle, mais la voix, inaudible dans les ensembles, n’est maîtrisée pour le reste qu’afin de passer toutes les difficultés avec des sons criées et un texte incompréhensible. Dommage quand on connaît la puissance scénique de l’artiste, ici souvent en mal de justesse. Christof Fischesser complète la distribution avec un Heinrich ample, très bien projeté et parfaitement déployé dans toute la partie médium-grave.
Des forces de la Bayerische Staatsoper, le chœur est d’une richesse et d’une plénitude impressionnantes, au moins lorsqu’il est sur le plateau. Plus en difficulté lorsqu’il s’étend sur une passerelle métallique en hauteur, il souffre à ce niveau, comme toute la distribution même lorsqu’elle est à terre, de la direction d’un Lothar Koenigs passionné mais uniquement concentré sur son robuste orchestre.
Le flux en provenance de la fosse se montre donc constant, mais il tisse une toile dangereuse pour les chanteurs, souvent livrés à eux-mêmes, au risque de décalages. Avec plus d’homogénéité, tout aurait pu mieux s’agencer pour recréer la magie de l’atmosphère apparue en 2015, lors d’une soirée du même type à la Deutsche Oper, là aussi prévue avec Vogt et Harteros, non pour construire un toit, mais plutôt pour bâtir une voute dans les étoiles.
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Nationaltheater, MĂĽnchen Le 30/11/2019 Vincent GUILLEMIN |
| Reprise de Lohengrin dans la mise en scène de Richard Jones, sous la direction de Lothar Koenigs à la Bayerische Staatsoper de Munich. | Richard Wagner (1813-1883)
Lohengrin, opéra romantique en trois actes (1850)
Livret du compositeur
Chor und Extrachor der Bayerischen Staatsoper
Bayerisches Staatsorchester
direction : Lothar Koenigs
mise en scène : Richard Jones
décors & costumes : Ultz
Ă©clairages : Mimi Jordan Sherin
préparation des chœurs : Stellario Fagone
Avec :
Christof Fischesser (Heinrich der Vogler), Klaus Florian Vogt (Lohengrin), Johanni van Oostrum (Elsa von Brabant), Wolfgang Koch (Friedrich von Telramund), Karita Mattila (Ortrud), Martin Gantner (Heerrufer des Königs), Caspar Singh, George Vîrban, Oğulcan Yilmaz, Markus Suihkonen (Vier Brabantische Edle), Solisten des Tölzer Knabenchors (Edelknaben). | |
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