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CRITIQUES DE CONCERTS 01 novembre 2024

Reprise de Tosca de Puccini dans la mise en scène de Pierre Audi, sous la direction de Carlo Montanaro à l’Opéra de Paris.

Tosca sans soutien
© Vincent Pontet / OpĂ©ra de Paris

Prévu dans toutes les grandes salles la saison prochaine, Tosca réapparaît à l'Opéra de Paris dans la production de Pierre Audi créée au début de l’ère Lissner, à présent utilisée en répertoire pour les prises de rôle de Maria Agresta et Michael Fabiano, avec le retour du Scarpia de Ludovic Tézier, et sous la direction erratique de Carlo Montanaro.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 11/06/2021
Vincent GUILLEMIN
 



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  • Apparue en 2014, soit au tout dĂ©but du mandat de StĂ©phane Lissner Ă  l’OpĂ©ra de Paris, lorsque celui-ci avait explicitement affichĂ© l’idĂ©e de dĂ©poussiĂ©rer le rĂ©pertoire, la mise en scène de Pierre Audi n’avait pas marquĂ© les esprits. Elle est maintenant Ă  traiter en pure reprise, oĂą elle fonctionne dĂ©cemment, pour le moment devant un public restreint mais très chaleureux par ses applaudissements.

    Et si la massive croix omniprésente de Christof Hetzer ne passionne guère, la lisibilité de l’action globale et surtout le III sur le champ de bataille napoléonien circonvenant au drame procurent de belles images. Le travail de lumières de Jean Kalman se démarque particulièrement, dont cette ombre double de Tosca sur le mur au moment du meurtre de Scarpia, qui devient ombre simple lorsqu’elle sort de sa folie passagère pour rentrer dans la triste réalité d’une lumière blafarde, ou encore le beau contrechamp dans l’atmosphère tamisée du final.

    Musicalement, la production accueille trois grands noms dont deux prises de rôles, ainsi qu’un nouveau chef, Carlo Montanaro, très problématique pour le plateau. Trop retenu dès les premiers accords, il expose d’emblée que le drame ne se jouera pas en fosse et en effet, non seulement sa direction ne crée aucun moment tendu ni noir, mais elle ne soutient jamais le chant, au risque, à la fin du I, de décaler un chœur au demeurant très bien préparé (et masqué), mais aussi Scarpia, qui se retrouve seul à finir sa note. La même difficulté à suivre le chef perd totalement le joli Pâtre au début du III, tandis que le reste du plateau s’habitue à chanter sans s’appuyer sur un orchestre éteint.

    Ludovic Tézier, dont la prise de rôle de Scarpia date d’il y a sept ans, déçoit, ce soir sans vraie stature de baron, et dont la prononciation italienne très nette ne s’incarne jamais vraiment dans le mot ou la conduite de la phrase, ni autoritaire, ni sombre et brutal. Tosca permet à Maria Agresta d’entrer un peu plus dans Puccini, qu’elle ajoute à son répertoire avec la saison prochaine Manon Lescaut. Et si la grande verdienne propose un italien parfait et affine les duos, elle ne possède jamais la puissance et surtout le côté décharné des scènes de violence de l’héroïne romaine. Son Vissi d’arte démontre une belle introspection, mais il manque ensuite tous les cris lors du meurtre et surtout au final.

    On retient alors principalement de la soirée Michael Fabiano, frais Cavaradossi encore un peu crié au premier air, mais très appliqué et sensible dans E lucevan le stelle, où il doit au surplus pallier l’absence de carrure rythmique de la fosse. Crédible dans la mort et touchant au retour de sa torture, il apporte une authentique touche de dynamisme à cette reprise, tandis que Spoletta (Carlo Bosi), retrouve le niveau de précision et de noirceur qu’il portait déjà à La Scala en 2019. Frédéric Caton (Sacristain), Philippe Rouillon (Sciarrone) et Florent Mbia (Geôlier) usent d’un italien moins naturel, mais tiennent très bien leurs rôles par leur engagement scénique et vocal, sans suffire à apporter l’émotion nécessaire pour cette reprise du chef-d’œuvre puccinien.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 11/06/2021
    Vincent GUILLEMIN

    Reprise de Tosca de Puccini dans la mise en scène de Pierre Audi, sous la direction de Carlo Montanaro à l’Opéra de Paris.
    Giacomo Puccini (1858-1924)
    Tosca, opéra en trois actes (1900)
    Livret de de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, d'après la pièce de Victorien Sardou

    Maîtrise des Hauts-de-Seine/Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris
    Chœur de l’Opéra national de Paris
    Orchestre de l’Opéra national de Paris
    direction : Carlo Montanaro
    mise en scène : Pierre Audi
    décors : Christof Hetzer
    costumes : Robby Duiveman
    Ă©clairages : Jean Kalman
    préparation des chœurs : Alessandro Di Stefano

    Avec :
    Maria Agresta (Tosca), Michael Fabiano (Cavaradossi), Ludovic Tézier (Il Barone Scarpia), Guilhem Worms (Angelotti), Carlo Bosi (Spoletta), Frédéric Caton (Sagrestano), Philippe Rouillon (Sciarrone), Florent Mbia (Un carceriere).

     


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