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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Récital du pianiste Jean-Frédéric Neuburger au Festival International de piano de la Roque-d’Anthéron 2021.
La Roque 2021 (2) :
L’homme et les cigales
Après trois programmes de musique contemporaine la semaine passée au Festival Messiaen de La Meije, Jean-Frédéric Neuburger redescend dans la chaleur provençale pour un concert beaucoup plus classique en après-midi à La Roque-d’Anthéron, composé d’une souriante Partita de Bach, du Premier Livre des Images de Debussy et de la Sonate n° 3 de Chopin.
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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D’une fantastique puissance de toucher pour les pièces de Manoury, Messiaen ou Stockhausen au Pays de la Meije, Jean-Frédéric Neuburger profite quelques jours plus tard d’une invitation à l’Espace Florans de la Roque-d’Anthéron pour un programme d’œuvres plus conventionnelles, à commencer par la souriante Partita n° 1 en si bémol majeur, BWV 825 de Bach.
Comme il l’annoncera au micro ensuite, le pianiste a souhaité commencer son récital par une pièce lumineuse, qu’il estime nécessaire pour contrecarrer la morosité de l’époque, évidemment très malmenée par la pandémie de Covid-19 depuis maintenant un an et demi. Son interprétation de l’œuvre, sous les chants de cigales très en voix, ne lorgne donc pas particulièrement vers une forme baroque imposée, mais applique plutôt un lyrisme contenu à cet ouvrage joué avec mesure.
L’Allemande comme les Menuet I & II développent la légèreté en même temps que la lumière souhaitées par Neuburger, cependant bien plus évident juste après avec le Livre I des Images de Debussy. L’artiste n’hésite pas à parler dans son intervention d’impressionnisme, terme détesté par le compositeur, mais si adapté à ses Reflets dans l’eau, surtout lorsqu’ils renvoient des couleurs aussi miroitées, avec cette sublime impression d’éclats diffusés sous la surface.
La même force tranquille du doigté sert à merveille l’Hommage à Rameau, tout en subtilité, avec un appui parfaitement ajusté de la pédale forte pour accompagner la main gauche. Le vent frais a presque fait taire les cigales, qui semblent maintenant elles aussi totalement écouter les effets suspendus de Neuburger, immédiatement plus dynamique et superbe d’agilité pour la dernière image, Mouvement, et son flot de notes parfaitement délivré avec une libre verticalité de la main droite.
La Sonate n° 3 de Chopin présente une autre facette du musicien, affiné par un toucher maintenant presque soyeux, sans le moindre excès d’expansivité. Il gère ici l’émotion par sa plus simple expression, en délivrant les notes et les accents juste comme ils sont écrits, sans jamais en rajouter, de l’Allegro maestoso au Largo, avant de redéployer toute sa dextérité dans le Finale. Un Nocturne n° 2 op. 27 en bis offre le même doucereux émoi, sous le retour de cigales toutes réveillées une fois la bise passée.
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Espace Florans, La Roque-d'Anthéron Le 02/08/2021 Vincent GUILLEMIN |
| Récital du pianiste Jean-Frédéric Neuburger au Festival International de piano de la Roque-d’Anthéron 2021. | Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Partita n° 1 en si bémol majeur, BWV 825
Claude Debussy (1862-1918)
Images (livre I)
Frédéric Chopin (1810-1849)
Sonate pour piano n°3 en si mineur, op. 58
Jean-Frédéric Neuburger, piano | |
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