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CRITIQUES DE CONCERTS 01 novembre 2024

Concert des Berliner Philharmoniker sous la direction de Kirill Petrenko, avec la participation de la pianiste Anna Vinnitskaya Ă  la Philharmonie de Paris.

La lumière des Berliner

Pour sa première apparition à la Philharmonie de Paris, Kirill Petrenko dirige ses Berliner Philharmoniker dans les deux programmes également présentés à Salzbourg et Lucerne, dont le second constitué du Concerto pour piano n° 1 de Prokofiev et du très rare Conte d’été de Suk, après l’ouverture-fantaisie Roméo et Juliette de Tchaïkovski.
 

Philharmonie, Paris
Le 05/09/2021
Vincent GUILLEMIN
 



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  • Directeur musical des Berliner Philharmoniker depuis 2019, Kirill Petrenko n’avait toujours pas dirigĂ© Ă  la Philharmonie de Paris ; il profite de cette tournĂ©e de rentrĂ©e pour se prĂ©senter devant un public parisien rencontrĂ© seulement Ă  quelques rares occasions au Théâtre des Champs-ÉlysĂ©es. SĂ©parĂ© de l’OpĂ©ra de Munich depuis juillet, le chef russe se consacre Ă  prĂ©sent exclusivement Ă  sa formation berlinoise, avec laquelle il propose des programmes très personnels, Ă  l’instar de ce second concert parisien.

    Le maestro ne propose en effet ce dimanche que des œuvres slaves, dont deux relativement étonnantes pour un concert de tournée. Ainsi Petrenko choisit-il le Premier Concerto de Prokofiev, le plus faible du compositeur, en plus du Conte d’été de Suk, dans un programme introduit par Roméo et Juliette de Tchaïkovski, ouverture-fantaisie qu’il traite avec une recherche dramatique de l’instant plutôt que dans une arche globale.

    L’introduction expose plus de clarté qu’une véritable installation de climat, quand la première bataille se voit limitée par le fait que le chef veut y conférer un caractère de climax au retour seulement de cet épisode, où il déploie particulièrement la dernière reprise de la trompette avant le retour au calme, en plus d’y faire exploser des cordes d’une impressionnante compacité. S’offre également tout un jeu de mise en lumières des différents pupitres de Berliner entrés avec tous leurs titulaires, dont Wollenweber au cor anglais.

    Les mêmes accompagnent dans Prokofiev la pianiste Anna Vinnitskaya, en tournée avec l’orchestre pour cette unique partition d’à peine quinze minute. Et si la main gauche s’accorde parfois avec moins de souplesse, la droite pleine d’agilité cherche et trouve la même clarté et dynamique que l’accompagnement du chef. La soliste ne pourra offrir de bis à cause des règles sanitaires. Les musiciens quittent donc rapidement la scène, prêts à entrer en grande formation après l’entracte dans le Conte d’été d’un compositeur dont le chef s’est fait le défenseur depuis de nombreuses années.

    Mais si la symphonie Asraël qu’il interprétait récemment avec ses Berliner pouvait constituer une véritable pièce de tournée, le poème symphonique op. 29 composé par Josef Suk pour la contrebalancer quelques années plus tard se justifie moins, surtout pour un grand ensemble non-tchèque, tout comme il est surprenant qu’il donne au Musikverein en février prochain l’encore plus rarissime Zrání op. 34. Sa proposition tient alors là encore surtout à développer la luminosité de l’œuvre, puisque comme dans son enregistrement pour CPO lorsqu’il était à la Komische Oper Berlin, il éclaire plus qu’il n’appesantit les moments nostalgiques.

    Reste à profiter d’un orchestre magnifiquement préparé, dont se démarque l’intermezzo Les Musiciens aveugles, magnifié par les cors anglais de Wollenweber et Wittmann, puis par le premier violon de Kashimoto et l’alto de Shimizu. Sans jamais tendre vers les mêmes sphères, les deux dernières parties profitent des cordes et des bassons, avant que la Nuit ne s’illumine de plus en plus à mesure qu’elle ne s’achève par les harpes, le célesta, la clarinette basse et les nappes de violons.




    Philharmonie, Paris
    Le 05/09/2021
    Vincent GUILLEMIN

    Concert des Berliner Philharmoniker sous la direction de Kirill Petrenko, avec la participation de la pianiste Anna Vinnitskaya Ă  la Philharmonie de Paris.
    Piotr Ilitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
    Roméo et Juliette, ouverture-fantaisie
    SergeĂŻ Prokofiev (1891-1953)
    Concerto pour piano et orchestre n° 1 en réb majeur op. 10
    Anna Vinnitskaya, piano
    Josef Suk (1874-1935)
    Un conte d’été op. 29
    Berliner Philharmoniker
    direction : Kirill Petrenko

     


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