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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Concert de rentrée de l’Orchestre de Paris sous la direction de Gustavo Gimeno à la Philharmonie de Paris.
Rentrée dissipée
La soirée de rentrée de l’Orchestre de Paris a souffert de la défection de Riccardo Chailly. La battue retenue et un peu raide de l’Espagnol Gustavo Gimeno n’a pas aidé un orchestre toujours splendide de timbres mais peu concentré. On attendait plus de subtilité de la part d’un orchestre très familier de la musique de Maurice Ravel.
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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Pour sa rentrée, l’Orchestre de Paris devait accueillir Riccardo Chailly pour un court programme Ravel, établi sans doute sur mesure. Las, le maestro malade a dû être remplacé par Gustavo Gimeno, directeur musical à Luxembourg et Toronto. Le chef espagnol a conservé le programme tel quel bien que certaines pièces ne figuraient pas encore à son répertoire.
Les Valses nobles et sentimentales ouvrent la soirée. D’emblée la chaleur mais aussi l’épaisseur des lignes sautent aux oreilles. Dans des tempos retenus, Gimeno choisit d’unifier les danses plutôt que de cultiver les contrastes. Les accents décalés pleins d’esprit de la troisième ou de la cinquième valse, si typiques de l’écriture ravélienne, disparaissent et l’on se prend à rêver du soin qu’aurait apporté à ces détails le chef milanais.
Même retenue de tempo pour le début de La Valse qui suit de manière un peu redondante, surtout quand elle est jouée avec la même application scolaire. Les percussions surprennent par leur lourdeur. Elles trahissent les approximations et les raideurs rythmiques du chef qu’on attendait meilleur sur ce plan, en regard de sa discographie notamment. On se console avec la petite harmonie, excellente comme à l’accoutumée. L’approche du climax final fait apparaître de nouveaux problèmes, un écrasement des lignes et une balance entre les pupitres peu raffinée. La course à l’abîme finale n’est pas maîtrisée et souffre de décalages.
La seconde partie de la soirée se consacre à la musique d’influence espagnole du compositeur. Gustavo Gimeno se plaît à souligner cette part à défaut des aspects plus sarcastiques dans Alborada del gracioso où l’on goûte le basson fruité de Giorgio Mandolesi. C’est aussi le jeu des solistes qui fait le sel d’une Rapsodie espagnole très colorée. Pour le Boléro conclusif, l’élégance de la caisse claire ravit, tout comme la flûte de Vincent Lucas. Mais le chef intervient trop lourdement, amenant le crescendo par à -coups, communiquant à l’orchestre une nervosité malencontreuse en lieu et place de l’inexorabilité attendue, jusqu’à l’emballement final noyé dans une certaine imprécision.
Ce programme était pour son violon solo, Roland Daugareil, le dernier avec l’orchestre. Quelques trop courtes phrases dans La Valse ou dans la Rapsodie ont fait entendre l’exquise délicatesse de style de celui qui était en poste depuis 1996. Après la remise d’un bouquet de fleurs, l’orchestre joue un extrait de La Vie brève, avec fougue et un débraillé sympathique mais peu musical qui résume le manque de concentration de la formation pour cette soirée de reprise. Quant à la nouvelle hautboïste solo, Miriam Pastor Burgos, on attendra d’autres prestations pour l’entendre plus longuement. L’orchestre devait reprendre ensuite ce programme à Saint-Jean-de-Luz pour la première édition du festival Ravel. Une manière de prolonger l’été.
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Philharmonie, Paris Le 08/09/2021 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de rentrée de l’Orchestre de Paris sous la direction de Gustavo Gimeno à la Philharmonie de Paris. | Maurice Ravel (1875-1937)
Valses nobles et sentimentales (1912)
La Valse (1920)
Alborada del gracioso (1919)
Rapsodie espagnole (1908)
Boléro (1928)
Orchestre de Paris
direction : Gustavo Gimeno | |
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