|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
|
Récital du violoniste Graf Mourja à la Maison de Radio-France
L'archet de Merlin
Le jeune violoniste Graf Mourja – Premier Prix du concours Long-Thibaud à 23 ans – a donné un récital à Radio France en compagnie de la pianiste russe Natalia Gous. Avec un programme Szymanowski, Stravinski et Ravel, il a confirmé l'excellente impression laissée par son premier disque pour la collection " Jeunes talents " d'Harmonia Mundi.
|
Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris
Le 05/11/2000
Pauline GARAUDE
|
|
|
|
Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
[ Tous les concerts ]
|
La Sonate en ré mineur de Szymanowski est une oeuvre de jeunesse, où les influences de Chopin et de Schumann sont manifestes. Mais l'écriture révèle un déséquilibre dans le traitement de ces deux instruments, le violon étant le soliste-roi discrètement accompagné au piano. Or, l'originalité de l'interprétation de Graf Mourja et de Natalia Gous est d'avoir trahi ce déséquilibre pourtant inscrit dans la partition.
Avec un jeu sans emphase à la dynamique homogène, Natalia Gous installait le dialogue et en même temps qu'elle procurait au violon le socle dont nécessaires pour ses envolées déclamatoires. Graf Mourja s'en trouva littéralement propulsé au lieu d'être simplement accompagné. Grâce à ce tremplin, le violoniste a su pleinement tirer partie d'un langage musical nourri d'oppositions - de tessitures, et de timbres - grâce à la variété de ses sonorités, de ses attaques, et à une propension savante à faire vibrer son violon sur toute l'étendue de son ambitus dans une palette élargie de nuances.
Sa maturité musicale est indéniable dans le Duo concertant de Stravinsky où il a su éviter le piège du débordement lyrique et du rubato excessif. Sans contrastes heurtés de dynamique, qui constitueraient ici un contresens, il restitue la beauté sévère mais si profonde d'une écriture contrapuntique où la richesse se drape de sobriété. Son secret ? Jouer sur la variété du timbre et non pas seulement sur l'intensité sonore.
C'est avec Tzigane de Ravel que se finissait le concert. Le compositeur y multiplie les glissandi, appoggiatures, et effets d'archets, non pour la virtuosité en soi mais pour traduire un univers où la féerie et l'enchantement sont au pouvoir. C'est sans pourquoi, cet après-midi-là , Graf Mourja avait troqué son archet pour la baguette de Merlin.
| | |
|
Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris Le 05/11/2000 Pauline GARAUDE |
| Récital du violoniste Graf Mourja à la Maison de Radio-France | Messiaen. Radio France
Graf Mourja, violon
Natalia Gous, piano
Szymanowski : Sonate en ré mineur, Mythes
Stravinsky : Duo concertant
Ravel : Tzigane | |
| |
| | |
|