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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Concert de l’Ensemble Intercontemporain sous la direction de Pierre Bleuse à la Cité de la Musique, Paris.
MĂ©decine vitale
Devant les compositeurs et dans une Cité de la Musique au public clairsemé, l’Ensemble Intercontemporain interprète deux pièces de Liza Lim, dont la première portée par la superbe trompette solo de Clément Saunier, puis crée en France Pharmakeia, œuvre de James Dillon dont les éléments vitaux ressortent magnifiés par la direction de Pierre Bleuse.
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Quelqu’un tente d’applaudir, mais la scène de la Cité de la Musique était restée volontairement noire pour permettre à Clément Saunier de débuter sans salut par la musique de Liza Lim, une aria pour trompette en ut du nom de Wild Winged-One. Une petite plaque de plastique collée au palais, le soliste débute en ne projetant le son que sur l’embouchure, puis il développe une partition tirée par la compositrice de L’Ange de l’Histoire, issu de son opéra de 2008, The Navigator. Claquement de langue et mots lancés dans l’instrument s’assemblent alors à un développement du spectre subtil et à des sonorités rêveuses, parfois proches du jazz contemporain.
Sept instrumentistes entrent ensuite sur scène pour Veil, toujours de Liza Lim, écrit en 1999. Basé sur une évolution bien maîtrisée du matériau, dont ressort une large connaissance des travaux antérieurs des compositeurs sériels et spectraux, l’ouvrage dont le but est de laisser voilé (veil) les sonorités affiche moins de typicité que le précédent. Il bénéficie en revanche de musiciens souples, dont la remarquable Emmanuelle Ophèle à la flûte basse, tous parfaitement ajustés par la direction de Pierre Bleuse.
Encore plus évident dans la dernière œuvre, le chef coordonne d’un geste sûr la matière ample du grand Pharmakeia de James Dillon. Créée sous la direction de Geoffrey Patterson en 2020 par le London Sinfonietta, ensemble co-commanditaire dont l’interprétation est disponible sur YouTube, l’œuvre d’une cinquantaine de minutes, inspirée comme souvent à Dillon par la Grèce antique, se développe en quatre parties.
La première, Temenos, trouve une magnifique lumière sous les sonorités larges et éclaircies de l’Intercontemporain. Au milieu des deux pianos de Sébastien Vichard et Hidéki Nagano, quatorze membres de l’ensemble déploient cette partie ouverte par des blanches à l’unisson à la trompette et au trombone, tous deux partiellement en sourdine. Le tempo globalement lent permet à la musique de s’étendre dans une composition très bien agencée, dont le caractère sombre s’accorde à une latence à même de laisser s’échapper l’imaginaire.
Un noir se crée entre chaque partie, Strophe a étant rapidement traitée pour laisser la place à Circé, déesse considérée par Stobée comme un « mouvement circulaire et périodique de la renaissance », retranscrit de cette manière dans la pièce de Dillon, avec une prédominance des cordes. Strophe b conclut avec une même logique répétitive des éléments vitaux, comme pour permettre de limiter l’achèvement d’une œuvre et d’un compositeur très applaudis ensuite, malgré une salle trop peu remplie.
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Cité de la Musique, Paris Le 06/10/2021 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Ensemble Intercontemporain sous la direction de Pierre Bleuse à la Cité de la Musique, Paris. | Liza Lim (*1966)
Wild Winged-One, aria pour trompette
Clément Saunier, trompette
Veil, pour flûte, clarinette basse, trompette, violon, violoncelle, percussion et piano
James Dillon (*1950)
Pharmakeia, pour seize interprètes
Création française
Ensemble Intercontemporain
direction : Pierre Bleuse | |
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