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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de la Philharmonie de l’Elbe NDR sous la direction d’Alan Gilbert, avec la participation de la soprano Renée Fleming au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Synesthésie et bipolarité
Belle démonstration de couleurs et de puissance pour le concert de tournée de l’orchestre de la Philharmonie de l’Elbe au Théâtre des Champs-Élysées. Dans les Poèmes pour Mi de Messiaen, Renée Fleming distille son timbre légendaire tandis que le Bruckner d’Alan Gilbert radicalise la tradition instaurée jadis par Günter Wand à Hambourg.
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Complicité artistique
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Hommage au réalisme poétique
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Depuis son éloignement des scènes d’opéra, la soprano Renée Fleming privilégie les récitals ou les premières parties de concerts symphoniques. Une tournée avec l’orchestre de la Philharmonie de l’Elbe (ex Orchestre de la NDR Hamburg) est l’occasion pour l’Américaine de remettre sur le métier les Poèmes pour Mi de Messiaen qu’elle avait enregistrés en 2011 avec son compatriote Alan Gilbert désormais chef principal de cette formation.
Depuis le premier rang du premier balcon, la voix de la chanteuse garde une belle présence. En revanche, la prononciation s’est presque complément évaporée. Les textes écrits par le compositeur s’évanouissent de ce fait. Faut-il regretter ce mélange candide d’un amour ardent pour sa première femme et d’une foi qui ne l’a jamais quitté ? Quoi qu’il en soit, Renée Fleming psalmodie avec ferveur et émerveille par sa capacité à produire avec précision les couleurs si essentielles à l’art d’Olivier Messiaen. Une synesthésie partagée par Alan Gilbert qui tisse délicatement une trame très lumineuse.
Le choix de la Quatrième Symphonie de Bruckner pour la seconde partie du concert renvoie aux souvenirs de l’ère de Günter Wand. À la tête de la formation pendant les années 1980, le chef allemand a très fréquemment dirigé un Bruckner solennel et très articulé. La lecture d’Alan Gilbert se veut sans doute plus animée avec un soin manifeste à suivre strictement à la lettre les indications du compositeur.
Il peut compter sur de somptueux pupitres de cordes, très virtuoses dans la division de l’écriture des parties qui leur sont dévolues. Les cuivres ont toujours ces couleurs typiques évoquant les brumes fumées du Nord. La petite harmonie se montre à la fois plus impersonnelle et surtout plus irrégulière dans l’intonation. De leur fait, l’Andante souffre d’un déficit poétique comme les passages les plus retenus des autres mouvements.
Il faut dire à leur décharge que Gilbert se plaît à marquer magistralement les oppositions de masses comme si la partition ne recelait que deux nuances dynamiques, piano et fortissimo. Seul l’ample crescendo du Finale, très réussi, vient tempérer une interprétation à l’authenticité certaine mais à la bipolarité réductrice.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 22/10/2021 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de la Philharmonie de l’Elbe NDR sous la direction d’Alan Gilbert, avec la participation de la soprano Renée Fleming au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Olivier Messiaen (1908-1992)
Poèmes pour Mi (1937)
Renée Fleming, soprano
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 4 en mib majeur « Romantique » (1878-1880)
NDR Elbphilharmonie Orchester
direction : Alan Gilbert | |
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