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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Concert Paris en fête par l’Orchestre de l’Opéra national de Paris sous la direction de Gustavo Dudamel à la Philharmonie de Paris.
Abstraction chirurgicale
Moins exotiques, moins festives que prévu, les noces de Gustavo Dudamel et de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris pour leur premier programme symphonique dévolu à Mozart, Ravel et la Symphonie fantastique de Berlioz ont pris la forme d’un exercice éblouissant de maîtrise intellectuelle dans une alliance de précision et souplesse.
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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Pour son premier concert symphonique en tant que directeur musical de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris, Gustavo Dudamel a choisi un programme associant la Symphonie Paris de Mozart à deux œuvres emblématiques du répertoire français. L’Alborada del gracioso qui ouvre le concert fait claquer l’orchestre qui paraît galvanisé. Couleurs franches, traits conquérants, ce Ravel ne verse pas dans l’exotisme outre-mesure, gardant une élégance hautaine servie par une technique éblouissante. Le solo de basson est d’une mélancolie sans fond qui cueille à froid l’auditeur habitué à plus de pittoresque. La lumière de l’orchestre brûle tout sur son passage avec une précision chirurgicale inouïe.
La symphonie de Mozart surprend également. Sans aucune concession à l’historiquement informé, Dudamel déploie des cordes nombreuses qu’il fait jouer avec une virtuosité insensée. Ici, aucun angle, c’est le royaume du legato et de la rondeur. Dans un cadre souple et plutôt lent, les vents dialoguent d’une manière assez formelle. Chaque ligne acquiert une lisibilité sans pareil, les modulations sont soulignées et les passages fugués du final brillent particulièrement. Une telle lecture abstraite refusant la théâtralité de ces pages peut diviser. En tous cas, elle surprend de celui qui doit diriger Les Noces de Figaro plus tard dans la saison.
Après l’entracte, la Symphonie fantastique de Berlioz procède des mêmes qualités, finalisant l’association de l’orchestre avec son nouveau directeur musical. De manière détendue, avec sa gestique d’une clarté évidente, Dudamel offre une lecture qui s’éloigne de la musique à programme incarnée pourtant par cette œuvre. Tempos retenus, dynamique parfaitement contrôlée, cette Fantastique est loin des contrastes et de la démesure entendus ailleurs.
Son cœur gît dans une Scène aux champs à la désolation inquiétante emportée par les deux derniers mouvements où la technique infaillible du maestro emmène ses musiciens à l’acmé attendue. De l’abstraction de cette direction formellement attachée au texte musical naissent des figures fortes qui imprègnent durablement. L’homogénéité de l’orchestre montre un instrument en pleine forme : tel est le legs de Philippe Jordan qui semble en de bonnes mains. Le prochain programme symphonique de Dudamel et de son orchestre associera de nouveau deux Français à un Autrichien, soit Rameau et Boulez à Mahler.
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Philharmonie, Paris Le 08/11/2021 Thomas DESCHAMPS |
| Concert Paris en fête par l’Orchestre de l’Opéra national de Paris sous la direction de Gustavo Dudamel à la Philharmonie de Paris. | Maurice Ravel (1875-1937)
Alborada del gracioso (1918)
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Symphonie n° 31 « Paris » (1778)
Hector Berlioz (1803-1869)
Symphonie fantastique (1830)
Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Gustavo Dudamel | |
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