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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre national de Lille sous la direction de Jean-Claude Casadesus avec la participation de Vadim Repin, Alexander Kniazev et François-Frédéric Guy à la Philharmonie de Paris.
Éternel jeune homme
En tournée à la Philharmonie de Paris avec la formation qu’il a dirigée quarante ans, Jean-Claude Casadesus fête en grande forme son 86e anniversaire avec un Triple Concerto de Beethoven en compagnie de Vadim Repin, Alexander Kniazev et François-Frédéric Guy, puis emmène l’Orchestre national de Lille dans les Tableaux d’une exposition.
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D’un pas dynamique, Jean-Claude Casadesus entre sur la scène de la Philharmonie en compagnie de trois musiciens et se lance dans le Triple Concerto de Beethoven. Comme souvent, le violoncelle ressort particulièrement de l’ouvrage, ici d’autant plus que l’instrument d’Alexander Kniazev sonne presque baroque et se démarque tant du violon et du piano que de l’orchestre.
Plus lyrique, Vadim Repin reste mesuré pour s’accorder aux deux autres artistes, dont le pianiste François-Frédéric Guy, bien ajusté à l’ensemble par sa proposition équilibrée. L’Orchestre national de Lille étale ses couleurs et montre plus de douceur que de franchise dans les attaques, au risque de parfois trop alléger l’ouvrage germanique, mais avec l’avantage aussi de ne jamais l’alourdir. Plus dynamique, le Rondo alla polacca final bénéficie particulièrement de ce style interprétatif.
Après deux allers-retours en coulisse, les solistes se préparent à un bis, mais si l’on s’attendait comme presque toujours après ce concerto à un extrait d’un trio de Beethoven, on remarque que Repin a glissé un mot à l’oreille du premier violon lillois, et c’est alors en tutti que tous lancent un bref et enjoué Joyeux anniversaire ! devant le chef, aujourd’hui jeune de 86 ans.
Le retour d’entracte ramène à plus de sérieux, l’Orchestre national de Lille maintenant en grande formation pour s’atteler aux Tableaux d’une exposition de Moussorgki, comme dans la grande majorité des cas dans l’orchestration de Maurice Ravel. Passionnant par son traitement de l’ouvrage en 2016 à l’Auditorium de Radio France avec l’Orchestre national de France, Casadesus se montre cette fois bien plus direct et s’amuse juste avec une partition qu’il connaît par cœur.
L’excellente trompette solo ouvre donc la Promenade, puis les cordes prolongent la balade, tranquille et fluide parmi les autres tableaux. On regrette cependant que de rubatos en accentuations, Casadesus ne réintellectualise parfois pas son propos, et si Bydlo se voit magnifiquement introduit par le tuba en sourdine, le souvenir d’un départ pianissimo pour créer une grande explosion dans ce numéro il y a cinq ans se perd aujourd’hui par moins de contrastes.
La Grande porte de Kiev limite aussi son effet, notamment par la cloche, trop classique pour cette partie où l’on se souvient dans cette même salle de celle énorme, rapportée exprès pour l’œuvre par Gergiev lors d’une tournée du Mariinski. Pour autant, la proposition montre la maîtrise d’un chef français très souvent invité à diriger en Russie, et ce concert très applaudi laisse espérer encore longue vie au grand jeune homme sur scène !
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Philharmonie, Paris Le 07/12/2021 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre national de Lille sous la direction de Jean-Claude Casadesus avec la participation de Vadim Repin, Alexander Kniazev et François-Frédéric Guy à la Philharmonie de Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Triple concerto pour violon, violoncelle et piano en ut majeur, op. 56
Vadim Repin, violon
Alexander Kniazev, violoncelle
François-Frédéric Guy, piano
Modest Moussorgski (1839-1881)
Tableaux d’une exposition
Orchestration de Maurice Ravel
Orchestre National de Lille
direction : Jean-Claude Casadesus | |
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