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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Nouvelles production de Orfeo ed Euridice de Gluck à l'Opéra du Rhin
Orfeo se fait doubler
Original cet Orfeo ed Euridice de Gluck à l'Opéra du Rhin. L'Irlandais Michael McCaffery a tenté la transposition dans un contexte moderne (mais non exactement contemporain), en désincarnant les personnages par le recours à des doubles, dans le but de les élever au rang d'archétypes. Une lecture habile et plutôt réussie.
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Opéra du Rhin, Strasbourg
Le 08/11/2000
Yutha TEP
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
[ Tous les concerts ]
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Dans cet Orfeo ed Euridice, chacun y endosse les attributs d'artistes de plus en plus isolés au sein d'une société moderne en proie à l'anomie et à la solitude (illustrée par les grands imperméables noirs de choristes et par des décors très plastiques mais souvent glacés). Orfeo-chanteur est flanqué d'un Orfeo-acteur, tandis que, incarnant l'amour dans ses deux aspects tragique et élégiaque, Euridice et Amore sont jumelles, deux Marylin Monroe affublées de robes à paillettes moulantes, blanche pour la douloureuse Euridice, rouge pour le sensuel Amore.
La mise en scène multiplie par ailleurs les clins d'oeil à l'actualité récente. Par exemple, Euridice tuée par un taxi jaune suspendu à la verticale, évoque sans fard le sort de Lady Diana. Elle ressuscitera ensuite sous les traits d'une sulfureuse Marylin Monroe (Euridice, pas Lady Di !). Passé la surprise des premières minutes, cette production fait progressivement pardonner l'impression passagère de gratuité qui s'en dégage, en grande partie grâce aux magnifiques éclairages de Bruno Poet.
Orfeo, ici la mezzo américaine Anna Burford, a donc un double, l'acteur Klaus Hassel. Ce procédé aurait pu altérer l'attention du public, mais il a surtout déchargé la chanteuse d'un jeu d'acteur toujours délicat à assumer dans cette espèce de huis clos mythologique ; et en l'occurrence, la prestation impeccable d'Hassel permet au duo de fonctionner. Anna Burford a pu alors se concentrer sur un chant dans lequel son timbre viril, sa densité sonore et son engagement ont compensé une diction un peu anémiée et des couleurs insuffisamment variées, pour dresser au final un portrait convaincant.
La robe blanche d'Euridice sied à merveille à Hélène Le Corre, actrice habile et voix lumineuse, dont la projection domine sans problème les ensembles. Son double, Henrike Jacobs, membre des Jeunes Voix du Rhin, tire intelligemment partie de son beau physique et de sa robe d'un rouge aveuglant pour camper un Amore séducteur et espiègle, aidée en cela par un beau soprano, sûr et radieux.
S'appuyant sur un orchestre solide et surtout, un choeur magnifiquement préparé par Ching-Lien Wu, Cyril Diederich a opté pour une interprétation romantique, avec des tempi ménageant suffisamment de confort pour les chanteurs. On regrette un manque occasionnel de pulsation, mais les beaux moments sont nombreux, à l'image d'un Che puro ciel en apesanteur.
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Opéra du Rhin, Strasbourg Le 08/11/2000 Yutha TEP |
| Nouvelles production de Orfeo ed Euridice de Gluck à l'Opéra du Rhin | Choeurs de l'Opéra National du Rhin
Orchestre Symphonique de Mulhouse
Enfants de la Manécanterie de Schiltigheim
Direction musicale : Cyril Diederich
Mise en scène : Michael McCaffery
Costumes & décors : Paul Edwards
Lumières : Bruno Poet
Avec Anna Burford (Orfeo), Hélène Le Corre (Euridice), Henrike Jacob (L'Amour), Klaus Hassel (Double d'Orfeo). | |
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