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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Création de Dafne de Wolfgang Mitterer sous la direction de Goeffroy Jourdain et dans une mise en scène d’Aurélien Bory à l’Athénée-Théâtre Louis Jouvet, Paris.
Renaissance d’un mythe
Presque quatre cents ans après la Dafne de Schütz, Wolfgang Mitterer repart du livret de Martin Opitz pour offrir un opéra-madrigal moderne, magistralement servi par Les Cris de Paris dirigés par Geoffroy Jourdain, aujourd’hui donné en création mondiale à l’Athénée-Théâtre, avant d’être repris dans plusieurs villes en région.
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1627. Dafne, premier opéra allemand, est créé sur un livret de Martin Opitz et une musique de Heinrich Schütz, mort il y trois cent cinquante ans. Perdu dans les flammes de la bibliothèque de Dresde, l’ouvrage n’a laissé que son livret, aujourd’hui repris pour un projet initié par Geoffroy Jourdain et réalisé par Wolfgang Mitterer pour la composition et Aurélien Bory pour la mise en scène.
D’une heure quinze, l’opéra raconte le mythe d’Apollon et Daphné, lui puni par une flèche de Cupidon qu’il moquait, elle harassée par les avances du dieu, au point de finir par se changer en laurier ; une histoire de métamorphose contée par Ovide. Et si la musique trouve maintenant l’écriture mature de l’un des compositeurs les plus importants de notre temps, rien n’a changé concernant la fresque amoureuse, présentée comme un madrigal dans lequel les rôles sont tenus par tous les chanteurs du chœur, seuls ou en groupe.
Sur scène, Les Cris de Paris (cinq hommes et sept femmes, dont la contralto Clotilde Cantau en veste dans le groupe des hommes) évoluent avec une qualité de chant et une précision impressionnante, même lorsque chacun est espacé sur l’un des six cercles concentriques d’un plateau en forme de cible, tous d’une révolution autonome en termes de vitesse et de sens. Après quinze minutes, des chargeurs apparaissent au plafond et lancent au sol en un magnifique cadencement répétitif plusieurs dizaines de fléchettes, ensuite ramassées puis cassées afin d’imager les rayons d’Apollon, posés sur un anneau serti pour créer une couronne de soleil.
Agencés par Aurélien Bory, les autres éléments du mythe sont également suggérés, du fleuve porté par tous à la superbe création du laurier par l’une des chanteuses, enveloppée jusqu’à devenir arbre. Du laurier seront également apposées des rameaux autour de la tête de certains, quand d’autres porteront peaux de bêtes et arcs, cette même arme retrouvée dans les mains d’un enfant, jeune Cupidon vêtu de rouge et qui apporte encore un peu plus de magie à la proposition.
À l’exemplarité du chant, associé à une parfaite maîtrise du texte et des rythmes, quelques choristes ajoutent à leur palette un instrument, notamment la flûte traversière, très bien tenue par Anne-Emmanuelle Davy, jusque dans les derniers instants d’un ouvrage magistralement servi par Geoffroy Jourdain, toujours très précis dans la coordination du chant avec une bande électronique emplie de citations, dont Le Sacre de Stravinski et la Neuvième de Beethoven, tandis que du chœur ressortent de nombreuses références à l’œuvre de Schütz.
Après Paris, cette magnifique production de Dafne sera visible à Reims, Tourcoing, Toulouse, Cergy ou encore Dijon.
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Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Paris Le 29/09/2022 Vincent GUILLEMIN |
| Création de Dafne de Wolfgang Mitterer sous la direction de Goeffroy Jourdain et dans une mise en scène d’Aurélien Bory à l’Athénée-Théâtre Louis Jouvet, Paris. | Wolfgang Mitterer (*1958)
Dafne, opera-théatre sur un livret de Martin Opitz, retravaillé d’après une idée de Geoffroy Jourdain, Aurélien Bory et Wolfgang Mitterer
Les Cris de Paris
direction : Geoffroy Jourdain
mise en scène & scénographie : Aurélien Bory
décor : Pierre Dequivre
costumes : Alain Blanchot
Ă©clairages : Arno Veyrat | |
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