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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Récital du pianiste Alexander Malofeev à la salle Gaveau, Paris.
Connexion atavique
Pour son troisième récital parisien, le tout jeune Alexander Malofeev, à quelques jours de son vingt-et-unième anniversaire, présente à la salle Gaveau un Beethoven quelque peu figé. La virtuosité et la beauté sonore émanant de son jeu paraissent davantage en situation dans la musique russe, plus encore pour Medtner que pour Rachmaninov.
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Complicité artistique
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Hommage au réalisme poétique
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Après l’Appassionata donnée dans cette même salle Gaveau en novembre 2019, le jeune Alexander Malofeev revient à Beethoven pour deux autres partitions à titre. La Sonate au clair de lune fait entendre une sonorité d’une douceur radieuse. Le piano de Malofeev est bien assis, nourri, égal et sans aucune lourdeur. Mais ce jeu se caractérise aussi par un plan unique où champ et contrechamp semblent avoir la même valeur dans une lumière constante qui devient lénifiante. Cette absence de perspective frappe jusqu’au Presto agitato dont la passion paraît du coup bien convenue.
Les mêmes qualités et limites touchent la sonate La Tempête dont seule la virtuosité requise pour l’Allegretto pousse le jeune Russe à se montrer un peu plus romantique dans ses phrasés. Ces deux sonates ont aussi montré une dilution rythmique qui vient amoindrir l’autorité patente d’une technique hors du commun. Dans la seconde partie de programme, le pianiste retourne à la musique de son pays.
La Sonate en sol mineur op. 22 de Medtner, en un seul mouvement avec ses émotions contrastées, amène plus de variété dans le jeu. Rien n’y manque, l’extrême virtuosité étourdissante ne pâlit pas face au souvenir de l’enregistrement laissé par l’immense Benno Moiseiwitsch, c’est dire ! Les passages lyriques prennent la saveur de vieilles mélopées et les couleurs abondent.
Curieusement, l’interprétation des huit premières Études-Tableaux de Rachmaninov n’atteint pas tout à fait la même éloquence. Et pourtant, la virtuosité reste admirable, notamment cette façon incroyable de produire du Yamaha sous ses doigts un son puissant mais jamais percussif. L’expression reste légèrement en retrait laissant de côté la nostalgie bouleversante de la Troisième Étude, l’articulation rythmique un rien paresseuse minimise l’acuité de la Cinquième.
Une pléthore de bis généreux voit le retour de Medtner avec le premier numéro de l’Opus 39 et Conte de fée, et confirme la connexion du pianiste avec cet univers. Le Precipitato de la Septième Sonate de Prokofiev produit son effet en prenant au seul premier degré l’indication du compositeur. De même, Malofeev attaque bille en tête Islamey mais se trouve à court ensuite. Enfin, dernier feu de pure magie pianistique avec le halo surnaturel de la Danse de la fée dragée de Casse-noisette dans la transcription de Pletnev.
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Salle Gaveau, Paris Le 03/10/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Récital du pianiste Alexander Malofeev à la salle Gaveau, Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano n° 14 en ut# mineur op. 27 n° 2 « Au clair de lune » (1801)
Sonate pour piano n° 17 en ré mineur op. 31 n° 2 « La Tempête » (1802)
Nikolaï Medtner (1880-1951)
Sonate pour piano en sol mineur op. 22 (1909-1910)
Serge Rachmaninov (1873-1943)
Études-Tableaux n° 1 à 8 op. 33 (1911)
Alexander Malofeev, piano | |
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