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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Septième Symphonie de Mahler par la Philharmonie tchèque sous la direction de Semyon Bychkov à la Philharmonie de Paris.
Mahler sans prisme
Pour leur deuxième soir à la Philharmonie de Paris, l’Orchestre philharmonique tchèque et Semyon Bychkov n’interprètent qu’une seule œuvre, la complexe Symphonie n° 7 de Mahler, pour laquelle les somptueuses sonorités de la formation ne suffisent pas à rehausser une vision sans véritable prisme sur la partition, dont le chant nocturne reste dans le noir.
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Sans doute la plus complexe du corpus mahlérien, la Symphonie n° 7 est toujours restée la plus obscure, tant pour les spécialistes du compositeur comme Henry-Louis de La Grange que pour les plus grands chefs, qui soit ne la jouaient pas (Walter, Karajan), soit s’y sont essayé sans parvenir à en tirer une véritable substance (Haitink, Inbal, Boulez, Chailly, Rattle).
Bychkov appartient à la seconde catégorie. Lui si captivant l’an passé à la Philharmonie de Berlin dans la Quatrième, au Rudolfinum dans la Première et à la Philharmonie de Paris dans la Résurrection, bute aujourd’hui sur un ouvrage dont il ne trouve pas la clé et qu’il livre juste par une attention de tous les instants à faire ressortir les plus belles sonorités de la Philharmonie tchèque, orchestre créateur de l’œuvre en 1908 sous la baguette du compositeur.
Dès le Langsam introductif, les cordes, quelque peu fatiguées, appuient plus mais marquent moins qu’hier dans leur exceptionnelle Symphonie n° 11 de Chostakovitch. Le rendu plus dur ne trouve alors que quelques moments de grâce, dont le magnifique solo du tenorhorn. Les cors comme les trompettes ravissent aussi souvent, sans que ne ressorte jamais un caractère nocturne ou évanescent.
La Nachtmusik I, superbe à l’orchestre par les bois et les appels des cors, puis par des cloches de vaches très sonores, reste encore en surface des sensations inspirées par La Ronde de nuit de Rembrandt, de même que le scherzo Schattenhaft prouve une parfaite gestion du rythme et des équilibres, en plus de mettre particulièrement en avant le timbalier, sans réussir à trouver un angle ironique ou moderne.
La Nachtmusik II voit l’un des violons du rang se placer juste devant le chef à la mandoline, tandis qu’apparaît également une guitare dans l’orchestre, deux éléments parfaitement intégrés, sans caricature ni effets, mais qui là encore ne suffisent pas à rehausser vraiment ce mouvement, duquel ni l’excellente première alto ni le premier violon ne parviendront à extraire la sève d’Andante amoroso.
Le Rondo Finale démontre les ressources disponibles de l’excellente formation tchèque, toujours vivante par ses percussions, cuivres et cordes aux attaques franches, malgré déjà plus d’une heure de musique. Et même si les applaudissements récurrents cassent quelque peu la concentration entre les mouvements, cela n’altère jamais vraiment les superbes clartés de l’orchestre, ni ne suffit à justifier la vision trop textuelle de Bychkov, qui comme beaucoup d’autres n’aura pas encore réussi à apporter un véritable éclairage sur ce Chant de la nuit.
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Philharmonie, Paris Le 18/10/2022 Vincent GUILLEMIN |
| Septième Symphonie de Mahler par la Philharmonie tchèque sous la direction de Semyon Bychkov à la Philharmonie de Paris. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 7 en mi mineur « Lied der Nacht »
Česká filharmonie
direction : Semyon Bychkov | |
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