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CRITIQUES DE CONCERTS |
02 mai 2025 |
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Dans la tumultueuse partition de Prokofiev, écrite quatre ans après celle d’Alexandre Nevski de nouveau pour un film d’Eisenstein, l’Orchestre National d’Île de France fait parfaitement ressortir toute la hargne d’Ivan le Terrible et la déférence du peuple envers son Tsar. Le chef invité Pablo González, spécialiste du répertoire russe et allemand, mène l’orchestre de façon sobre et efficace en s’attachant aux équilibres entre chœur, solistes et orchestre. Les cuivres, très sollicités, donnent le meilleur tantôt par d’éclatantes couleurs, tantôt par d’insondables et terrifiantes fanfares, dans un ensemble très équilibré, avec un orchestre fourni parvenant à ne jamais couvrir le chœur.
Si la mezzo-soprano et la basse dramatique apparaissent peu dans cette version oratorio revue par Abram Stasevich en 1961, huit ans après la mort du compositeur, leur présence est loin d’être anecdotique. Le timbre souple, profond et homogène de Rachael Wilson épouse parfaitement la partition de contralto de Prokofiev lors des deux grands airs mélancoliques. Son soutien ancré lui permet de faire entendre une ligne vocale en exploration de beaux contrastes interprétatifs.
Ivo Stanchev rentre lui facilement dans le rôle de l’Opritchnik favori d’Ivan grâce à un timbre très riche ainsi qu’à une technique assurée, pour un unique air bénéficiant de la dynamique du chœur. Oratorio oblige, à la musique s’allie le texte, solidement interprété par le récitant Sébastien Durieux, qui offre un intéressant contrepoint en l’absence des images d’Eisenstein.
Quelques années après Nevski dans la même salle, le chœur Stella Maris préparé par Olivier Bardot enrichit son répertoire avec cette seconde musique de film. L’ensemble d’une belle homogénéité et d’une superbe cohérence dans toutes les dynamiques garde les mêmes qualités dans les passages où les altos et les sopranos sont seules mobilisées. Grâce à une très bonne diction, cette interprétation évocatrice fait voyager dans les anciennes contrées slaves, déjà sous le joug des dictateurs.
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Philharmonie, Paris Le 10/01/2023 Chloë ROUGE |
 | Ivan le Terrible de Prokofiev sous la direction de Pablo González à la Philharmonie de Paris. | Sergei Prokofiev (1891-1953)
Ivan le Terrible
Version oratorio d’Abram Stasevich (1961)
Rachel Wilson, mezzo-soprano
Ivo Stanchev, basse
Sébastien Dutrieux, récitant
Choeur Stella Maris
préparation : Olivier Bardot
Orchestre national d’Île-de-France
direction : Pablo González |  |
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