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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre national d’Île-de-France sous la direction de Vassili Sinaïski, avec la participation du pianiste Sélim Mazari à la Philharmonie de Paris.
Du simple au double
Sous la direction de Vassili Sinaïski, l’Orchestre National d’Île-de-France se dévoile sous plusieurs coutures en passant d’un effectif de cordes seules à un orchestre à bois par deux pour le Concerto pour piano n° 21 de Mozart, puis à l’imposant orchestre de la Symphonie n° 10 de Chostakovitch dans laquelle les cuivres mettent les bouchées doubles.
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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Le concert s’ouvre sur Ein Lämplein verlosch du compositeur écossais James McMillan qui évoque la perte de sa fille. Le silence y joue un rôle prépondérant, découpant la musique en miniatures qui se succèdent et dont le matériau sonore – uniquement composé de cordes – s’épaissit avec l’ajout progressif des registres médium et grave.
L’ONDIF accueille ensuite le pianiste Sélim Mazari pour le Concerto pour piano n° 21 de Mozart. La position du chef et de son pupitre intriguent puisque tous deux sont dirigés du côté des violons I, laissant les altos et les contrebasses de côté. Peut-être cela permet-il au chef de mieux entendre le soliste. En effet, leur communication ne se fait jamais ni sur la base du regard ni sur celle du geste, mais toujours grâce à une écoute attentive.
Dans l’Allegro maestoso, l’exposition du pianiste apparaît un peu précipitée mais se stabilise ensuite avec un toucher sec mais léger. Le chef dirige avec une économie de moyens très efficace. À l’entrée du piano dans l’Andante, Sinaïski arrête de diriger pour laisser place à un moment de musique de chambre entre soliste et cordes en pizzicati. L’Allegro vivace assai est joué dans une version très lisible qui fait parfaitement ressortir la forme rondo-sonate. On apprécie les basses claires et proportionnées de Mazari.
En deuxième partie, l’orchestre de la Symphonie n° 10 de Chostakovitch sonne dans les deux extrêmes : tutti emportés et sonores (deuxième mouvement), longues sections étirées à l’atmosphère éthérée et discrète. L’orchestre semble cependant polarisé sur ces deux dynamiques sans jamais offrir de demi-mesure qui aurait pu servir un discours plus nuancé plutôt qu’une démonstration d’orchestre.
Le Moderato marque surtout par ses sections énergiques tant l’orchestre se déchaîne dans un équilibre toujours contrôlé par le chef russe. À l’aise dans ce son ample, il engage par des gestes simples, les duos de bois à suivre cette sonorité. L’Allegro – qui dépeint sans détour la dictature stalinienne dans laquelle vivait le compositeur – bénéficie d’un bel enthousiasme rythmique et de traits clairs échangés entre cordes et petite harmonie.
Dans l’Allegretto la valse avec percussion est développée sans ironie jouant plutôt la carte de la tension. Le cor solo entre en soliste avec ses appels de très belle facture, trop souvent gâchés par une petite harmonie fausse, qui le restera jusqu’à la fin de l’œuvre. Dans le Finale, Sinaïski fait planer une ombre de mystère en laissant beaucoup de liberté à ses solistes jusqu’au grand contraste du thème plein de gaieté mené avec conviction.
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Philharmonie, Paris Le 23/03/2023 Chloë ROUGE |
| Concert de l’Orchestre national d’Île-de-France sous la direction de Vassili Sinaïski, avec la participation du pianiste Sélim Mazari à la Philharmonie de Paris. | James McMillan (*1959)
Ein Lämplein verlosch
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano n° 21 en ut majeur KV 467
SĂ©lim Mazari, piano
Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie n°10 en mi mineur op. 53
Orchestre National d’Île de France
direction : Vassili SinaĂŻski | |
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