|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
|
Nouvelle production de Carmen de Bizet dans une mise en scène d’Andreas Homoki et sous la direction de Louis Langrée à l’Opéra Comique, Paris.
Retour contrarié
Si le retour de Carmen à l’Opéra Comique ne tient pas toutes ses promesses du fait d’une mise en scène qui finit par s’étioler, d’une distribution déséquilibrée et d’un orchestre en difficulté, la soirée mérite néanmoins un détour pour l’incarnation sensationnelle et stylée du rôle-titre par Gaëlle Arquez et la direction fouillée et passionnée de Louis Langrée.
|
|
Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
[ Tous les concerts ]
|
Le plateau nu jusqu’au fond de la scène de l’Opéra Comique. Un jeune homme d’aujourd’hui ramasse la partition de Carmen et se retrouve face aux protagonistes habillés comme au temps de la création en 1875. L’intention d’Andreas Homoki est très simple : montrer la permanence du mythe imaginé par Mérimée et immortalisé par Bizet. Au moyen d’un rideau de scène et d’un savant jeu de lumières, l’histoire se monte de manière limpide pour les deux premiers actes situés dans le théâtre de la fin du XIXe siècle. Avec pas mal d’espièglerie, comme celle des enfants chipant les vêtements de Don José ou d’effronterie pour Micaëla qui le bécote avec passion.
Chaque personnage semble un archétype, à l’instar de Don José plus balloté que jamais, ou d’Escamillo cantonné à son physique spectaculaire. Cette grammaire très maîtrisée perd de son efficacité au III, avec une transposition très convenue dans la Résistance. Le IV achève le retour vers notre époque sans que la mise en scène gagne en profondeur ou ne se résolve sur une quelconque signification, donnant finalement une impression un peu vaine. Il faut dire que le plateau est franchement déséquilibré dans l’essentielle dernière scène.
Le Don José du fragile Frédéric Antoun semble absorbé par le contrôle de l’émission. Tout au long de la soirée, il couvre pour éviter les accidents. Avec succès mais avec pour conséquence qu’il n’incarne pas vocalement son personnage. Face à lui, Gaëlle Arquez est au contraire à l’apogée de ses moyens et de son art. Par rapport à sa Carmen de Bastille en novembre dernier, le personnage semble plus vivant, et l’écrin de Favart idéal pour en percevoir les mille inflexions.
On goûte moins la Micaëla tonitruante et trop vibrante d’Elbenita Kajtazi qui remporte le succès habituel. Jean-Fernand Setti possède la voix de son physique hors-norme et fait un Escamillo aussi fruste qu’amusant. Les petits rôles sont fort bien pourvus et brillent dans le très fin quintette. Il faut avouer une déception résultant de la formulation de la distribution : nous avions cru pouvoir faire enfin la connaissance de la mère de Don José, mais en réalité il ne s’agit que de sa voix enregistrée qui lit la lettre à son fils.
Pas de déconvenue en revanche avec la direction du maître des lieux, Louis Langrée. Il saisit tous les enjeux et dimensions de la partition pour une fois peu coupée, tout en suivant ses chanteurs avec amour. La conjonction avec Arquez est exemplaire à cet égard, donnant toute la sensualité sombre du personnage. Toutefois, si le chœur Accentus et la maîtrise populaire de l’Opéra Comique épatent l’oreille, l’Orchestre des Champs-Élysées n’a peut-être pas tout à fait les moyens techniques de cette partition. Les couleurs des instruments d’époque sont un vrai atout mais les pupitres semblent de moins en moins assurés au fil de la soirée jusqu’à perdre l’intonation à maintes reprises.
Diffusion sur Arte Concert Ă partir du 21/06.
| | |
|
Opéra Comique - Salle Favart, Paris Le 26/04/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Nouvelle production de Carmen de Bizet dans une mise en scène d’Andreas Homoki et sous la direction de Louis Langrée à l’Opéra Comique, Paris. | Georges Bizet (1838-1875)
Carmen, opéra en quatre actes (1875)
Livret d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy d'après la nouvelle de Prosper Mérimée
Maîtrise populaire de l’Opéra Comique
Chœur Accentus
Orchestre des Champs-Élysées
direction : Louis Langrée
mise en scène : Andreas Homoki
décors : Paul Zoller
costumes : Gideon Davey
Ă©clairages : Franck Evin
préparation des chœurs : Clara Bregnier & Christophe Grapperon
Avec :
Gaëlle Arquez (Carmen), Frédéric Antoun (Don José), Elbenita Kajtazi (Micaëla), Jean-Fernand Setti (Escamillo), Norma Nahoun (Frasquita), Aliénor Feix (Mercedes), François Lis (Zuniga), Jean-Christophe Lanièce (Moralès), Matthieu Walendzik (Le Dancaïre), Paco Garcia (Le Remendado), Sylvia Bergé (La mère de Don José). | |
| |
| | |
|