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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Nouvelle production de La Scala di Seta de Rossini dans une mise en scène de Pascal Neyron, avec les forces de l’Académie de l’Opéra national de Paris à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet.
Une Échelle débridée
Pleine réussite pour L’Échelle de soie de Rossini présentée par l’Académie de l’Opéra national de Pairs. Le travail abouti de l’équipe scénique réunie autour du metteur en scène Pascal Neyron permet à six chanteurs accomplis de montrer toutes leurs qualités, à l’instar du baryton Yiorgo Ioannou, en plein épanouissement.
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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Le premier atout de ce spectacle réside dans la mise en scène astucieuse de Pascal Neyron, un ancien de l’Académie de l’Opéra de Paris. La scénographie constituée de meubles à placards intégrant un lit escamotable délimite un espace réduit mais non sans ressources théâtrales. Costumes et perruques drôlement outrés organisent un dialogue entre les époques. Les gags attendus pour cette farce bouffe sont de bon aloi, bien répartis au fil des scènes et jamais vulgaires.
Dans la fosse, un tout petit groupe de musiciens joue une réduction de l’œuvre sans doute habile mais qui ne peut respecter les équilibres entre les pupitres de la partition d’orchestre originale. La direction sensible et animée d’Elizabeth Askren ne peut empêcher un côté orphéon qu’on oublie progressivement tant le jeu et le chant sur scène captent toute l’attention. Deux distributions y alternent.
Au sein du cast A très bien conçu qui se produit ce soir, on retrouve avec bonheur des chanteurs distingués lors du concert de rentrée de l’Académie en septembre dernier. Ainsi, Margarita Polonskaya confirme l’égalité de son soprano à la belle matière. Sa Giulia mutine passe du comique à l’affolement avec maestria. Son Dorvil, le ténor Laurence Kilsby, ne ménage pas les effets tant scéniques que vocaux. Un contrôle parfait du souffle lui permet de très nombreuses nuances expressives mais l’aigu est souvent émis en force.
L’aisance d’Alejandro Baliñas Vieites le prédestinait au rôle du très séducteur Blansac qu’il sert avec un abattage varié et une voix d’une belle longueur. Le rôle plus réduit de Lucilla n’empêche nullement Marine Chagnon d’établir sa présence grâce à un timbre chaleureux et une capacité particulièrement développée à s’intégrer aux ensembles. Le rôle du tuteur est en revanche beaucoup trop court et épisodique pour dire autre chose de Nicolas Ricart qu’il tient sa partie avec caractère.
À ces cinq chanteurs s’en ajoute un sixième, mais pas le moindre. Pourtant, en septembre dernier, nous n’avions pas été impressionné par le Largo al factotum présenté sans style ni mesure par Yiorgo Ioannou. Ce soir, on lui a confié le rôle le plus complexe de la farce, celui de Germano, le serviteur simple d’esprit dont les transports amoureux se devinent. Le baryton s’y montre d’une grande finesse tant musicale qu’expressive et triomphe d’une manière littéralement irrésistible dans l’air le plus varié et le plus intéressant de la partition. Un spectacle à savourer jusqu’au 6 mai.
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