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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Reprise de la production du Conte du Tsar Saltane de Rimski-Korsakov dans la mise en scène de Dmitri Tcherniakov et sous la direction d'Aziz Shokhakimov à l'Opéra National du Rhin.
Tsar au pays des merveilles
Coup gagnant pour l'Opéra du Rhin avec ce fabuleux Conte du Tsar Saltane dans la mise en scène que Dmitri Tcherniakov avait créée à La Monnaie en 2019. Le plateau est dominé par Bogdan Volkov et Tatiana Pavlovskaya, avec une direction d'Aziz Shokhakimov qui rend parfaitement justice au merveilleux et à l'onirisme de la partition de Rimski-Korsakov.
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Au cœur du festival Arsmondo, la production du Conte du Tsar Saltane signe un succès majeur de cette saison à l'Opéra du Rhin. Ce travail est le fruit de l'admiration sans faille de Dmitri Tcherniakov pour Rimski-Korsakov. Créé en 2019 à la Monnaie de Bruxelles, ce spectacle montre comment le metteur en scène renouvelle son langage scénographique en mélangeant films d'animations et onirisme lié à un trouble de la personnalité, une thématique concentrée sur l'adolescent autiste dont la seule relation au monde demeure les contes que lui lit sa mère.
Abusé par ses trois filles méchantes et jalouses, le tsar ordonne que sa femme Militrisa et Gvidon, l'enfant prétendument monstrueux qu'il vient d'avoir, soient enfermés dans un tonneau et jetés à la mer. Tous deux échappent à la mort et échouent sur une île déserte. Gvidon, devenu un beau jeune homme, abat d'une flèche le rapace qui s'apprêtait à dévorer un cygne. Métamorphosé en une merveilleuse princesse, l'oiseau lui promet assistance.
Au lever du jour, apparaît Lédénets, une ville magnifique dont la population demande à Gvidon de devenir le souverain car sous le rapace se dissimulait le sorcier qui tyrannisait la cité. Le tsar Saltane veut constater de ces yeux ce prodige et ce faisant, découvre le tsarévitch et son épouse qu'il croyait perdus à tout jamais. L'ouvrage se termine dans la liesse et une monumentale apologie du Bien contre le Mal…
Le décor est constitué d'une paroi qui tantôt sert de projection aux films d'animation tantôt montre une grotte où se succèdent la princesse cygne, le festin du tsar et sa suite ou bien la ville de Lédénets. On croise l'écureuil magique déjà présent dans le diptyque Iolanta-Casse-noisette, ainsi que la petite armée de soldats de plomb. Cet écrin féérique réconcilie traditionnels et modernistes, preuve de la puissance que peut atteindre un travail d'une telle qualité.
Le plateau est à la hauteur, à commencer par le fabuleux ténor ukrainien Bogdan Volkov, dont la présence en scène éblouissante donne de l'adolescent autiste et du jeune souverain une image parfaitement cohérente. L'éclat du timbre et le brio de la projection sont par ailleurs remarquables. Le timbre d'airain de Tatiana Pavlovskaya donne une idée de ses capacités dans des rôles plus lourds.
Même hauteur et même stature vocale chez Ante Jerkunica, Tsar sombre et bien projeté. Les trois sœurs trouvent des interprètes capables de passer en un tournemain de l'acidité à l'humeur douceâtre, avec des timbres et des couleurs contrastées. Julia Muzychenko est parfaite dans l'élégance et la fragilité de la Princesse cygne, dotée d'aigus irisés et pétillants.
Le Chœur de l’Opéra du Rhin et l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg sont placés sous la direction puissante et détaillée d'Aziz Shokhakimov. Sa lecture rend à Rimski-Korsakov une complexité remarquable de timbres et de couleurs, avec un élan qui en souligne l'aspect narratif et onirique. Un travail d'orfèvre à découvrir d’urgence à Strasbourg et en version concertante à Mulhouse.
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Opéra du Rhin, Strasbourg Le 09/05/2023 David VERDIER |
| Reprise de la production du Conte du Tsar Saltane de Rimski-Korsakov dans la mise en scène de Dmitri Tcherniakov et sous la direction d'Aziz Shokhakimov à l'Opéra National du Rhin. | Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908)
Le Conte de Tsar Saltane, opéra en un prologue et quatre actes (1900)
Livret de Vladimir Bielski d’après Pouchkine
Chœurs de l’Opéra national du Rhin
Orchestre Philharmonique de Strasbourg
direction : Aziz Shokhakimov
mise en scène & scénographie : Dmitri Tcherniakov
costumes : Elena Zaytseva
vidéo et éclairages : Gleb Filshtinsky
Avec :
Ante Jerkunica (Tsar Saltan), Tatiana Pavlovskaya (Tsarine Militrisa), Bogdan Volkov (Tsarévitch Gvidon), Julia Muzychenko (Princesse Cygne), Stine Marie Fischer (Tkatchitka, la Tisserande), Bernarda Bobro (Povarikha, la Cuisinière), Carole Wilson (Babarikha), Evgeny Akimov (Le Vieil Homme / Premier Navigateur), Ivan Thirion (Le Messager / Deuxième Navigateur), Alexander Vassiliev (Le Bouffon / Troisième Navigateur). | |
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