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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours de la pianiste Beatrice Rana à la Philharmonie de Paris.
Victoire sans appel
À la Philharmonie, l’Orchestre de Paris et son directeur musical présentent un programme de musique russe où la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov servie trop consciencieusement par Beatrice Rana est éclipsée par une Symphonie Leningrad de Chostakovitch dégagée de son contexte historique pour atteindre l’universel.
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S’il est une pièce ludique chez Rachmaninov, c’est bien la Rhapsodie sur un thème de Paganini ! Ce soir, Beatrice Rana semble ignorer cette dimension essentielle. Dès l’Allegro vivace initial s’installe un climat étrange : l’Orchestre de Paris brille de mille feux tandis que la pianiste semble accaparée par le défi du volume sonore. Son appui dans le clavier produit le plus souvent une sonorité mate. Surtout, l’Italienne ne paraît pas réagir aux sollicitations orchestrales de la partition.
Son jeu impeccable ne respire pas beaucoup face à un Klaus Mäkelä particulièrement détendu et attentif qui attend que l’orchestre se retrouve seul pour déchaîner les éléments. La Toccata de Pour le piano de Debussy donnée en premier bis ne dissipe pas une certaine crispation : la virtuosité s’impose de manière ostentatoire, mais le plaisir de jouer ne transparaît pas. Cette première partie de soirée est de toute façon complètement effacée par la symphonie de Chostakovitch qui suit.
La Symphonie n° 7 composée pendant le siège de Leningrad recèle pourtant bien des chausse-trappes, dont la longueur de ses développements. Ceux-ci n’affectent pas néanmoins le premier mouvement particulièrement réussi bien qu’il soit le plus étendu de la symphonie. Sous la baguette de Mäkelä, les musiciens de l’Orchestre de Paris sortent immédiatement le très grand jeu, alliant cohésion sans faille et éloquence la plus éclatante.
Après l’introduction et un nocturne particulièrement rêveur, la marche entamée presque imperceptiblement sous la conduite de la caisse claire produit plus que jamais un effet rappelant le Boléro de Ravel, tant l’Orchestre de Paris la joue avec une précision rythmique irrésistible tandis que les vents phrasent avec une sensualité hors du commun.
L’immense crescendo se produit même sans que le chef ait dû intervenir. Mäkelä ne prend le contrôle que lorsque c’est nécessaire, pour des transitions sans coutures notamment et une gestion confondante des tensions. Dans le Moderato, il obtient des nuances piano d’une intensité paradoxale et qui, pour une fois, ne sont pas gâchées par des toux intempestives, tant le public de la salle Pierre Boulez est attentif.
Le chef transcende complètement les longueurs des deux derniers mouvements, équilibrant l’alternance des séquences et sachant faire vivre l’écriture chorale du compositeur jusqu’à la coda, plus éclatante que jamais. Moins tourmentée, que d’autres cette lecture trouve sa profondeur dans un art du récit qui tient l’auditeur du début à la fin, sans jamais le lâcher.
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Philharmonie, Paris Le 11/05/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours de la pianiste Beatrice Rana à la Philharmonie de Paris. | Sergueï Rachmaninov (1873-1943)
Rhapsodie sur un thème de Paganini (1934)
Beatrice Rana, piano
Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie n° 7 en ut majeur op. 60 « Leningrad » (1941)
Orchestre de Paris
direction : Klaus Mäkelä | |
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