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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Reprise des Contes d’Hofmann d’Offenbach dans la mise en scène de Robert Carsen, sous la direction d’Eun Sun Kim à l’Opéra national de Paris.
Cherchez la femme
Le fantastique Hoffmann de Benjamin Bernhein justifie à lui seul cette nouvelle série de représentations du grand opéra d’Offenbach à la Bastille. Si la reprise est d’une qualité scénique exemplaire et digne de sa création en 2000, elle souffre néanmoins d’une distribution féminine inégale et d’une direction musicale d’un professionnalisme un peu sec.
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Cette production des Contes d’Hoffmann née avec ce siècle n’a pas pris une ride. La mise en abyme et la réflexion sur le théâtre de Robert Carsen demeurent d’une lisibilité parfaite, surtout avec une reprise aussi soignée que celle réalisée pour cette série de représentations par Marguerite Borie. Tous les déplacements et les gags ont la fraîcheur et la justesse d’une création, tandis que la direction d’acteur des choristes comme des solistes fait honneur à la maison.
Le Hoffmann de Benjamin Bernheim épouse très naturellement cette conception peu sombre de l’ouvrage. À sa diction confondante et à sa ligne toujours irréprochable, il ajoute un engagement qu’on ne lui a pas toujours connu. Le ténor joue un personnage fantasque et jouisseur, et ne se ménage pas dans l’énergie d’un rôle pourtant meurtrier. Face à lui, Christian Van Horn tient avec superbe par un timbre charbonneux du meilleur effet les quatre méchants, même si l’on peut rêver d’un peu plus de legato pour les airs.
Christophe Mortagne cisèle un Spalanzani tordant de rire, et Leonardo Cortellazzi se débrouille bien dans les différents rôles de valet, en particulier dans les démonstrations de chant et de danse de Frantz. On en regrette d’autant que le reste de la distribution n’apporte pas les mêmes satisfactions, mise à part peut-être la Giulietta d’Antoinette Dennefeld, au timbre évoquant un autre genre, celui de l’opérette, mais à l’excellente diction et à la belle projection.
Rachel Willis-Sørensen montre en Antonia un bas-médium aussi large que velouté. Mais les aigus sont criés et semblent se désolidariser du reste de la voix. Surtout, la prononciation demeure bien trop exotique pour un ouvrage français donné sur la première scène nationale. Celle de Pretty Yende est préférable, toutefois la soprano sud-africaine ne parvient plus à garder l’intonation : les vocalises font saigner les oreilles et manquent par ailleurs de la folie que savaient y mettre Natalie Dessay ou Sumi Jo dans la même production. Heureusement la chanteuse se montre très bonne actrice et emporte la salle dans sa drôlerie.
Ni le Nicklausse ni la Muse d’Angela Brower ne sont une consolation malgré les merveilleuses pages qui lui sont dévolues. La chanteuse souffre d’un timbre monochrome, d’une projection limitée et elle aussi d’une intelligibilité insuffisante. Notre sévérité tient peut-être au manque de soutien de la fosse. La cheffe Eun Sun Kim est directrice de l’Opéra de San Francisco depuis 2021. Sa gestique immuable aux bras synchrones et à la tête dodelinante réduit sa direction à un aspect sémaphorique, sans travail sonore particulier. Elle semble réticente aux phrasés, et bien qu’attentive au plateau, elle ne paraît pas réceptive à la danse, aux effets comiques ou aux aspects tragiques du chef-d’œuvre d’Offenbach.
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Opéra Bastille, Paris Le 06/12/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Reprise des Contes d’Hofmann d’Offenbach dans la mise en scène de Robert Carsen, sous la direction d’Eun Sun Kim à l’Opéra national de Paris. | Jacques Offenbach (1819-1880)
Les Contes d’Hoffmann, opéra fantastique en trois actes et un épilogue (1881)
Livret de Jules Barbier d’après Jules Barbier & Michel Carré
Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Eun Sun Kim
mise en scène : Robert Carsen
décors et costumes : Michael Levine
Ă©clairages : Jean Kalman
chorégraphie : Philippe Giraudeau
préparation des chœurs : Alessandro Di Stefano
Avec :
Benjamin Bernheim (Hoffmann), Christian Van Horn (Lindorf / Coppélius / Dappertutto / Miracle), Leonardo Cortellazzi (Andrès / Cochenille / Pitichinaccio / Frantz), Christophe Mortagne (Spalanzani), Cyrille Lovighi (Nathanaël), Christian Rodrigue Moungoungou (Hermann), Vincent Le Texier (Crespel / Maître Luther), Pretty Yende (Olympia), Rachel Willis-Sørensen (Antonia), Antoinette Dennefeld (Giulietta), Angela Brower (Nicklausse / La muse), Sylvie Brunet-Grupposo (La voix de la mère d’Antonia), Alejandro Baliñas Vieites (Schlémil). | |
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