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CRITIQUES DE CONCERTS |
01 novembre 2024 |
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Concert Sibelius de l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Mikko Franck, avec le concours de la violoniste Hilary Hahn, à l’Auditorium de la Maison de la Radio, Paris.
Pastorale nordique
Pour le deuxième concert d’une intégrale des symphonies de Sibelius sur trois soirées consécutives, Mikko Franck présente une vision lumineuse du compositeur. Cela sied à une Symphonie n° 3 particulièrement réussie et à un Concerto pour violon bénéficiant du jeu solaire d’Hilary Hahn. Une approche qui enlève un peu de sa singularité à la Symphonie n° 4.
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Avec sa Symphonie n° 3, Sibelius largue les amarres et quitte les rives du romantisme. C’est aussi l’œuvre qu’il commence à composer dès son installation en septembre 1904 à la campagne, dans la maison d’Ainola qu’il a fait construire aux abords de la petite ville de Järvenpää. Mikko Franck semble avoir parfaitement en tête ces deux paradigmes. Il veille à la lumière en usant d’une balance parfaite entre les pupitres de l’orchestre, avec des cuivres assourdis.
Il prête à l’ensemble une saveur agreste irrépressible en gardant des tempos allants jusque dans l’Andantino con moto qui respecte bien sa nuance quasi allegretto. Et comme tout bon chef finlandais, il ouvre le paysage rien qu’avec quelques impulsions et accents. Avec le Finale, l’été rit, à peine obscurci par les nuages filant à toute allure. Franck obtient des musiciens un jeu de questions-réponses aux ostinatos réjouissants, et arrive à une épure quasi abstraite stoppée net en plein élan.
Œuvre achevée et révisée à Ainoila mais esquissée bien auparavant lors d’un séjour à Rapallo en Italie, le Concerto pour violon appartient à une veine plus classique soulignée ce soir par la prestation d’Hilary Hahn. La violoniste fait une démonstration immaculée de son art, depuis une attaque impalpable sur le trémolo de cordes initial jusqu’aux traits virtuoses des dernières pages.
D’un legato admirable, son jeu sert la mélodie plus qu’il ne musarde avec l’écriture pourtant rhapsodique. En bousculant d’une impulsion irrésistible le Finale, le chef parvient à entraîner la soliste dans une sorte de très joyeuse danse de l’ours. Dans ce contexte, la Sarabande de Bach jouée en bis par l’Américaine fait un bien étrange effet.
Après l’entracte, le contraste devrait être total avec la Symphonie n° 4, partition introspective. L’épure qu’on trouvait à la fin de la Troisième Symphonie ressort ici d’une tout autre nature. Dans le premier mouvement, le violoncelle solo du Philharmonique de Radio France, celui à la lumière rasante de Nadine Pierre, participe pleinement du ton désolé qu’on attend ici. À la fin du mouvement, le premier cor se lève et sort en montrant son instrument. Un problème de palette bloquée qui le retient longtemps en coulisse, au point que Franck y va rejoindre le musicien.
Corniste et chef reviennent dans la salle. Sans doute eût-il fallu reprendre depuis le début car la concentration n’est pas revenue. L’orchestre ne montre plus autant d’assurance. Mikko Franck semble ne plus veiller à l’épure nécessaire, en particulier dans un troisième mouvement presque trop lumineux et un dernier plus harmonieux qu’il ne le faudrait, comme s‘il n’avait pas voulu quitter la pastorale de la première partie de concert.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 11/04/2024 Thomas DESCHAMPS |
| Concert Sibelius de l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Mikko Franck, avec le concours de la violoniste Hilary Hahn, à l’Auditorium de la Maison de la Radio, Paris. | Jean Sibelius (1865-1957)
Symphonie n° 3 en ut majeur, op. 52 (1907)
Concerto pour violon et orchestre en ré mineur, op. 47 (1904)
Hilary Hahn, violon
Symphonie n° 4 en la mineur, op. 63 (1911)
Orchestre philharmonique de Radio France
direction : Mikko Franck | |
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