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CRITIQUES DE CONCERTS |
09 mai 2025 |
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Récital My Bloody Valentine de la soprano Aphrodite Patoulidou accompagnée par le pianiste Eric Schneider à l’Amphithéâtre de la Cité de la Musique, Paris.
À l’attention des amoureux
La soprano Aphrodite Patoulidou propose avec la complicité musicale de l’excellent Eric Schneider un programme singulier pour fêter la Saint-Valentin. Sa voix très mobile sur un registre étendu lui permet une belle variété de tons et de couleurs et s’allie à une sensibilité remarquable aux textes chantant les malheurs de l’amour.
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Roses posées sur la scène, lumière tamisée couleur fuchsia, brume azotée : l’Amphithéâtre de la Cité de la Musique dégage avant même l’arrivée des artistes une ambiance particulière en cette soirée de Saint-Valentin. Son programme intitulé My Bloody Valentine se trouve justement qualifié d’anti-Saint-Valentin dans les excellentes notes de salle de Nicolas Dermy : une succession de mélodies chantant sur des tons variés des amours malheureuses ou impossibles qui conduisent éventuellement à la folie.
Bientôt Aphrodite (cela ne s’invente pas) Patoulidou et Eric Schneider apparaissent pour un premier groupe de mélodies de Sibelius tirées de l’Opus 37. Les couleurs utilisées par le compositeur ne trompent pas, le malheur se tient à proximité. La voix de la soprano possède une assise dans le bas-médium qui traduit à merveille cette menace tandis que le piano éloquent d’Eric Schneider se montre tout autant riche de timbre.
Wolf et Schubert illustrent ensuite l’infidélité. Très opportunément, ce récital est surtitré, ce qui permet au public très Saint-Valentin de suivre au plus près ces poétiques mises en garde. Le Geisterleben de Loewe convoque de manière saisissante un spectre hantant de nuit la chambre de sa bien-aimée tandis que le Waldgespräch, Zemlinsky dépeint une Lorelei sylvestre qui garde un homme prisonnier.
Les lumières de la salle évoluent vers des teintes bleutées, la voix de la soprano grecque se montre tout aussi versatile. Deux mélodies de son compatriote Emilios Riadis évoquent successivement le monde gitan et l’Orient, montrant une capacité de la chanteuse à utiliser remarquablement les techniques du folklore. Du reste après l’entracte, Patoulidou entonne une mélodie du Kalevala en s’accompagnant elle-même d’une nyckelharpa, sorte de vielle à roue suédoise.
Cette seconde partie s’oriente sous un jour plus ironique. Elle enchaîne avec The Black Swan extrait du Medium de Menotti, une ballade populaire enfantine. The Seal Man de Rebecca Clarke raconte comment une amoureuse suit dans la mer son « homme qui n’était pas homme du tout », en fait un phoque n’ayant pas réalisé qu’elle se noierait.
Après l’inévitable My Bloody Valentine quelque peu aménagé, Britten pratique lui aussi l’humour très noir en contant dans The Shooting of his Dear, comment Jimmy a tiré sur Polly croyant toucher un cygne. Les Ophelia-Lieder de Strauss ouvrent une dernière séquence un rien plus convenue où la folie passe par un Chopin mâtiné de Donizetti, Mahler et Schumann pour finir avec Rachmaninov d’une manière romantique où les appels amoureux restent pour le moment sans réponse.
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Amphithéâtre de la Cité de la Musique, Paris Le 14/02/2025 Thomas DESCHAMPS |
 | Récital My Bloody Valentine de la soprano Aphrodite Patoulidou accompagnée par le pianiste Eric Schneider à l’Amphithéâtre de la Cité de la Musique, Paris. | Jean Sibelius (1885-1957)
Den första kyssen, op. 37 n° 1
Var det en dröm, op. 37 n° 4
Flickan kom ifrån sin älsklins möte, op. 37 n° 5
Hugo Wolf (1860-1903)
Ein StĂĽndlein wohl vor Tag
Das verlassene Mägdlein
Franz Schubert (1797-1828)
Gretchen am Spinnrade, D. 118
Der Zwerg, D. 771
Car Loewe (1796-1869)
Geisterleben, op. 9 n° 4
Alexander von Zemlinsky (1871-1942)
Waldgespräch
Emilias Riadis (1880-1935)
Mágissa
L’Esprit du lac et le roi
Anonyme
Och minns du havad du sade
Gian Carlo Menotti (1911-2007)
The Black Swan (extrait de The Medium)
Lorentz Hart (1885-1943), Richard Rodgers (1902-1979)
My Bloody Valentine
Benjamin Britten (1913-1976)
The Shooting of his dear
Richard Strauss (1864-1949)
Drei Lieder der Ophelia, op. 67
Frédéric Chopin (1810-1849)
Nocturne pour piano, op. 55 n° 1
Arrangement : Aphrodite Patoulidou
Gustav Mahler (1960-1911)
Wenn mein Schatz Hochzeit macht
Robert Schumann (1810-1856)
Der Spielmann, op. 40 n° 4
SergueĂŻ Rachmaninov (1873-1943)
Pour elle, op. 38 n° 2
Hou ! Hou !, op. 38 n° 6
Aphrodite Patoulidou, soprano
Eric Schneider, piano |  |
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