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CRITIQUES DE CONCERTS |
05 mai 2025 |
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Reprise de Didon et Énée de Purcell dans la mise en scène de Peeping Tom, sous la direction d'Emmanuelle Haïm au Grand Théâtre de Genève.
Le couronnement de Didon
Créé en 2021 lors de la crise sanitaire, ce magnifique Didon et Enée mis en scène par la compagnie belge Peeping Tom revient enfin sur la scène du Grand Théâtre de Genève. Ce spectacle complexe autant que fascinant s'inscrit parmi les plus belles productions de l'ouvrage, fruit d'une réflexion qui mêle chorégraphie et création musicale d’Atsushi Sakaï.
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Franck Chartier et sa compagnie font de cet opéra de poche d'à peine cinquante minutes un véritable embarquement pour Cythère, voyage onirique et puissant que guide Emmanuelle Haïm et son Concert d'Astrée. La scène se divise en deux espaces qui séparent le chant de la parole, le théâtre de l'opéra, avec ce personnage de Didon changé en reine Didi qu'interprète l'actrice Eurudike De Beul.
La déception amoureuse projette son écho douloureux à travers une série d'images surréalistes autant que captivantes, avec un art chorégraphique porté à son sommet par les acteurs-danseurs du collectif Peeping Tom, capables de transformer l'heure du thé en calligraphie de gestes mobiles façon Buster Keaton (Yi-Chun Liu) ou bien dessinant à même le sol la syntaxe d'un corps devenu pulsation (Brandon Lagaert).
Point culminant de la soirée : ces montagnes de sable qui s'écoulent soudain des parois du décor, brisant les fenêtres ou tombant des cintres pour donner au When I am Laid in Earth une couleur dramatique d'une étrangeté troublante et magnifique tandis que le rideau de l'arrière-scène se soulève et laisse voir un horizon calciné vers lequel Énée transporte le corps d'Anchise comme au moment de fuir Troie en flammes. Au-dessus de la scène, le chœur observe le drame tel un tribunal céleste peuplé de Parques inquiétantes.
On retrouve en Didon une Marie-Claude Chappuis amoindrie par une projection un rien en deçà qui limite sa présence en scène en comparaison de la voix très contrastée de la Belinda (et Seconde Sorcière) de Francesca Aspromonte. Après Jacques Imbrailo dans la reprise lilloise, Jarrett Ott retrouve le rôle d'Enée qu'il chantait déjà lors de la création en 2021. Le phrasé est soutenu, sans être forcément très puissant mais avec une belle attention au texte et au jeu tandis que Yuliia Zasimova compose une Dame de compagnie et Première Sorcière très incarnée.
La fosse est dirigée conjointement par Emmanuelle Haïm, doublée par Atsushi Sakaï pour les parties musicales additionnelles. La matière musicale du Japonais crée une forme d'écrin sonore qui sert de support expressif à la danse et aux passages dialogués, contrastant avec le geste véhément et engagé d'Haïm, dont l'à -propos ne fait aucun doute dans une forme baroque qu'elle vivifie et renouvelle à chaque instant.
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Grand Théâtre, Genève Le 20/02/2025 David VERDIER |
 | Reprise de Didon et Énée de Purcell dans la mise en scène de Peeping Tom, sous la direction d'Emmanuelle Haïm au Grand Théâtre de Genève. | Henry Purcell (1659-1695)
Dido and Aeneas, opéra en un acte (1689)
Livret de Nahum Tate d'après le Livre IV de L'Énéide de Virgile
Chœur du Grand Théâtre de Genève
Le Concert d’Astrée
direction : Emmanuelle Haïm & Atsushi Sakai
mise en scène & chorégraphie : Franck Chartier (Peeping Tom)
composition & conception musicale : Atsushi Sakaï
scénographie : Justine Bougerol
costumes : Anne-Catherine Kunz
éclairages : Giacomo Gorini
conception sonore : Raphaëlle Latini
préparation des chœurs : Mark Biggins
Avec :
Marie-Claude Chappuis (Didon / L’Enchanteresse / Un Esprit), Jarrett Ott (Énée / Un marin), Francesca Aspromonte (Belinda / Seconde Sorcière), Yuliia Zasimova (Deuxième Dame / Première Sorcière), et le collectif Peeping Tom : Eurudike De Beul, Leo De Beul, Marie Gyselbrecht, Hunmok Jung, Brandon Lagaert, Chen-Wei Lee, Yichun Liu, Meng-ke Wu, Romeu Runa, Nelson Earl et Christina Guieb. |  |
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