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CRITIQUES DE CONCERTS |
09 mai 2025 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä à la Philharmonie de Paris.
Tendres et cruels entrelacs
Le programme Ravel-Stravinski présenté par l’Orchestre de Paris et son directeur musical démontre une nouvelle fois l’acuité de ce partenariat. Si Klaus Mäkelä se montre un rien corseté dans Le Tombeau de Couperin, il laisse ses musiciens devenir poètes dans Ma mère l’Oye avant de lâcher les fauves dans un impressionnant Sacre du printemps.
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Les volutes du Prélude du Tombeau de Couperin s’élèvent. Avec une extrême précision, Klaus Mäkelä veille sur les entrelacements du hautbois avec l’orchestre dans une magnificence de timbres plutôt charnus. Les deux paroxysmes ne sont en rien des échappées mais surviennent de manière très organisée.
L’articulation de la Forlane ressort de la même veine, jusqu’à confiner cette danse à un certain formalisme. Le Menuet enchante en revanche par la grâce de ses équilibres et un Trio exquis. L’emphase dynamique du Rigaudon montre combien l’interprétation de cette pièce hommage au XVIIIe siècle reste délicate ; toutefois Mäkelä en traduit bien les aspects les plus modernes. La suite de Ma mère l’Oye pose en fin de première partie sans doute moins de difficultés.
Les textures ravissent l’oreille dès la Pavane de la Belle au bois dormant. D’une grande délicatesse de mouvements, Mäkelä y laisse davantage jouer ses musiciens. Si sa direction se veut davantage dansante que narrative, sa forêt du Petit Poucet bruisse subitement de créatures fantastiques. Les carillons de Laideronnette éblouissent. Les solistes dialoguent à merveille dans les Entretiens de la Belle et la Bête, et Andrea Obiso en violon solo invité fait le plus charmant des princes, avant de chanter pudiquement dans un Jardin féérique réalisé avec style et émotion.
Au retour d’entracte, le chef finlandais reprend ce qui est l’un de ses chevaux de bataille à Paris. Sa lecture du Sacre du printemps que l’on a entendu ici même en 2022 et en 2024 gagne indéniablement à cette fréquentation. La première partie qui était en deçà de la deuxième du fait de déséquilibres entre les pupitres et d’une gestion dynamique désordonnée sonne désormais de manière plus que convaincante.
Les entrelacs de l’introduction relèvent d’un art assuré de la construction orchestrale servie par une petite harmonie de rêve. La cohésion des cordes et leurs couleurs forcent ensuite l’admiration. À partir du Jeu du rapt, le reste de l’Adoration de la terre demeure d’une violence juvénile assez extérieure mais avec une grande maîtrise des proportions et un raffinement instrumental qui se prolonge ensuite durant tout Le Sacrifice.
Là les demi-teintes abondent servies notamment par des cuivres virtuoses. Et pour finir, au fil des syncopes, Mäkelä conserve désormais le caractère inexorable de la chose sans aucune accélération coupable, rendant à l’issue fatale toute sa cruauté.
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Philharmonie, Paris Le 19/02/2025 Thomas DESCHAMPS |
 | Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä à la Philharmonie de Paris. | Maurice Ravel (1875-1937)
Le Tombeau de Couperin (1920)
Ma mère l’Oye, suite (1911)
Igor Stravinski (1882-1971)
Le Sacre du printemps (1913)
Orchestre de Paris
direction : Klaus Mäkelä |  |
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