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CRITIQUES DE CONCERTS 09 mai 2025

Symphonie n° 9 de Mahler par l’Orchestre National de France sous la direction de Daniele Gatti à l’Auditorium de la Maison de la Radio, Paris.

Au seuil de la nuit
© Marco Borggreve

Premier concert d'une carte blanche que lui consacre l’Orchestre national de France, cette Neuvième Symphonie de Mahler par Daniele Gatti à l’Auditorium de la Maison de la Radio marquera durablement les esprits par les contrastes et la maîtrise que le chef a su y insuffler, ainsi que par cet ultime adieu aux frontières du silence.
 

Auditorium de la Maison de la Radio, Paris
Le 28/03/2025
David VERDIER
 



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  • Le choix de cette Ĺ“uvre testamentaire oĂą la musique se suffit Ă  elle-mĂŞme sied Ă  la personnalitĂ© d'un chef comme Daniele Gatti, attentif Ă  donner de Mahler l'image d'un dĂ©miurge dĂ©passant le monde sonore pour explorer la dimension mĂ©taphysique du silence.

    Dès les premières mesures de l’Andante comodo, c'est un sentiment d'infini qui s'installe, avec ce thème initial, fragile et suspendu, qui parvient à se déployer au terme d'un ressac et de l'ampleur naturelle des cordes et des vents. Gatti choisit d’habiter la délicatesse de cette ligne mélodique au lieu de la corriger ou l'amplifier vers une emphase hors de propos. Sans jamais forcer les contrastes, il laisse la musique serpenter, hésiter, s’enrouler sur elle-même. Des éclats de colère, des sarcasmes et des effusions s’y entrechoquent sans jamais rompre l’équilibre d’ensemble. Rien n’est figé : tout est en devenir.

    Le Ländler dissonant, rustique et bancal, prend une tournure plus crue et plus immédiate, soulignant volontairement une écriture qui regarde vers la caricature sans y parvenir tout à fait. On perçoit cependant, dans la rugosité des timbres, une esquisse du Mahler expressionniste qui influencera Berg et Chostakovitch.

    Le Rondo-Burleske est beaucoup plus resserré et violent, retrouvant une forme de tension salutaire. Gatti y cisèle une polyphonie presque acide, où l’élan populaire se déforme dans un vertige orchestré. C’est dans cette saturation rythmique et harmonique que surgit un chant intérieur, furtif mais essentiel, prélude à ce qui va suivre. L’orchestre, malgré quelques flottements, s’y montre soudé, percutant, intense.

    Mais c’est bien l’Adagio final qui impose sa loi, suspendant le temps dans une respiration infinie. Une lente descente vers le silence, mais sans noirceur, comme une réconciliation. Le geste de Gatti s’efface. Les cordes étirent les phrases jusqu’au seuil de l’audible – un adieu sans larmes, une épure qui se tait plus qu’elle ne dit. Mieux qu'une prière, une acceptation.




    Auditorium de la Maison de la Radio, Paris
    Le 28/03/2025
    David VERDIER

    Symphonie n° 9 de Mahler par l’Orchestre National de France sous la direction de Daniele Gatti à l’Auditorium de la Maison de la Radio, Paris.
    Gustav Mahler (1860-1911)
    Symphonie n° 9 en ré majeur (1909)
    Orchestre National de France
    direction : Daniele Gatti

     


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