Fidèle à la tradition, le chef Tomáš Netopil parle dans son arbre généalogique dès l’ouverture de l’opéra La Fiancée vendue de Smetana, prise dans un tempo vif et vigoureux où les cordes et les bois à l’unisson débordent de gaîté et de sens rythmique typiquement slaves. La suite, en particulier le passage fugué conduit de main de maître, mène à un très beau solo de hautbois où la nostalgie fugace le dispute à la joie d’ensemble.

Rarement jouée, la Fantaisie pour violon et orchestre de Josef Suk, créée à Prague en 1904 par le violoniste Karel Hoffmann, possède une densité qui rappelle davantage Mahler où Wagner qu’Antonín Dvořák dont il est pourtant le continuateur. En une seule coulée d’une vingtaine de minutes comportant néanmoins trois mouvements à la manière d’un concerto, une certaine austérité n’interdit pas la force dramatique où le violon, très sollicité, dialogue avec un orchestre fourni qui fait feu de tout bois dans les tutti.

Très à l’aise dans cette partition jadis servie avec bonheur par le violoniste Josef Suk (1929-2011), petit-fils du compositeur, le soliste Jan Mráček (vainqueur du concours Fritz Kreisler de Vienne en 2014) dialogue avec la formation nantaise qui sait alterner tension et détente au cours d’un échange contrasté. Une courte page de Paganini donnée en bis ne manque pas de sel sous ses doigts, entre sens mélodique belcantiste et pizzicati virtuoses en guise d’accompagnement.

Après l’entracte, dans une Symphonie Pathétique très architecturée, Netopil ne commet aucune erreur stylistique et évite toute tentation au pathos. Très directif, il indique chaque intention aux musiciens dans une vision efficace, sans emphase, à laquelle manque ce supplément d’âme qui fait d’une interprétation un moment unique resté dans les mémoires. La sensualité de la valse de l’Allegro con grazia, le caractère épique du Scherzo témoignent d’un métier parfait comme l’Adagio lamentoso final, en retrait néanmoins de la désolation attendue.

Cette approche sérieuse et aboutie sur le plan technique, malgré ses limites, ne laisse pas indifférent comme le prouvent les applaudissements d’un public visiblement à l’écoute de cette prestation bien servie par l’ONPL, qui profite de la participation en tant que Premier violon de Luc Héry, venu exceptionnellement de l’Orchestre national de France.