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CRITIQUES DE CONCERTS 06 mai 2025

Première à l’Opéra de Paris du Triptyque de Puccini mis en scène par Christof Loy, sous la direction de Carlo Rizzi.

Destins de femme
© Guergana Damianova / OnP

Il ne faut rater sous aucun prétexte le Triptyque de Puccini porté par la présence d'Asmik Grigorian. L’art de la soprano lituanienne y atteint une sorte d’acmé où théâtre et musique se confondent. La simplicité du travail de Christof Loy et une distribution engagée dans ses moindres rôles finissent d’emmener la soirée au triomphe.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 29/04/2025
Thomas DESCHAMPS
 



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  • Au pandĂ©monium des faussaires, Dante montre Ă  Virgile Gianni Schicchi, condamnĂ© pour falsification de personne. En 1850, le peintre Bouchereau a illustrĂ© ces vers en montrant dans un tableau saisissant un Schicchi aux cheveux roux mordant au cou l’alchimiste Capocchio. Quelques dĂ©cennies plus tard, Puccini garde de l’histoire le cĂ´tĂ© comique de la cupiditĂ© et en accuse mĂŞme les contours puisque dans son opĂ©ra, Schicchi substituĂ© au dĂ©funt ne dicte plus au notaire un testament en faveur de son ami mais se fait attribuer les biens les plus importants.

    En abordant l’ensemble du Triptyque, Christof Loy se sert de la référence dantesque pour changer l’ordre des trois pièces : Gianni Schicchi (L’Enfer), Il Tabarro (Le Purgatoire) et enfin Suor Angelica (Le Paradis). Il offre ainsi le cheminement difficile d’une âme féminine depuis l’adolescence jusqu’à la maturité. Sa mise en scène, créée à Salzbourg en 2022, cultive une grande simplicité dans sa scénographie et s’acclimate fort bien au cadre de scène moins large de Bastille. L’action de Schicchi s’en retrouve resserrée et l’ambiance heureuse du couvent de Suor Angelica n’en ressort que plus. Seule la péniche du Tabarro semble buter sur le bric-à-brac de meubles débarqués sur le quai.

    La direction d’acteurs domine une production qui ne se singularise que par un premier volet nettement moins comique qu’à l’accoutumée : la famille Donati expose sans complexe ses turpitudes face à un Schicchi tout autant avide. Un seul changement de didascalie : Angelica au lieu d’avaler une potion herbeuse mortelle se crève les yeux face à une réalité insupportable, peut-être aussi pour voir le bonheur devenu invisible.

    On espérait beaucoup de l’orchestre dans ces œuvres à l’écriture moderniste. L’Orchestre de l’Opéra émerveille souvent mais est poussé à la faute dans un Schicchi dirigé avec une effervescence brouillonne de la part de Carlo Rizzi. Trop d’affects dans une gesticulation qui lui fait perdre sa baguette à deux reprises rend la rythmique hasardeuse, la balance déséquilibrée et l’expression inaboutie. Le maestro ne trouve la paix intérieure que dans le dernier volet où le chœur livre une prestation exemplaire.

    Sur le plateau, la distribution presque intégralement importée de Salzbourg semble avoir approfondi ses rôles, à l’exception du Rinuccio terne d’Alexeï Neklyudov. Misha Kiria triomphe en Schicchi ogresque. Roman Brudenko et Joshua Guerrero constituent des rivaux enflammés et touchants dans Il Tabarro. La Zia principessa de Karita Mattila compense l’usure par un sens dramatique glaçant tandis qu’Hannah Schwarz en Badessa montre une tenue vocale incroyable pour ses 81 printemps.

    Enfin, la soirée est l’écrin d’une prestation où la scène se confond complètement avec le chant : Asmik Grigorian livre une performance aussi impressionnante qu'émouvante. Si elle n’est en rien une Lauretta, la soprano parvient par son jeu et grâce à quelques inflexions à paraître la fille insoumise de Schicchi. Sa voix brûle d’une sensualité partagée de tendresse sur le quai Saint-Michel. Et se consume au couvent pour une scène finale qui ne laisse pas indemne.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 29/04/2025
    Thomas DESCHAMPS

    Première à l’Opéra de Paris du Triptyque de Puccini mis en scène par Christof Loy, sous la direction de Carlo Rizzi.
    Giacomo Puccini (1858-1924)
    Il Trittico, trois opéras en un acte (1918)
    Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Paris
    direction : Carlo Rizzi
    mise en scène : Christof Loy
    décors : Étienne Pluss
    costumes : Barbara Drosihn
    éclairages : Fabrice Kebour
    préparation des chœurs : Ching-Lien Wu

    Avec :
    Gianni Schicchi
    Misha Kiria (Gianni Schicchi), Asmik Grigorain (Lauretta), Enkelejda Shkoza (Zita), Alexeï Neklyudov (Rinuccio), Dean Power (Gherardo), Lavinia Bini (Nella), Martin Zelený (Gherardino), Manel Esteve Madrid (Betto), Scott Wilde (Simone), Iuril Samoilov (Marco), Theresa Kronthaler (La Cieca), Matteo Peirone (Maestro Spinellocio), Alejandro Baliñas Vieites (Amantino di Nicolao), Vartan Gabrielan (Pinellino), Luis-Felipe Sousa (Guccio).
    Il Tabarro
    Roman Brudenko (Michele), Joshua Guerrero (Luigi), Andrea Giovannini (Il Tinca), Scott Wilde (Il Talpa), Asmik Grigorian (Giorgetta), Enkelejda Shkoza (La Frugola), Dean Power (Un venditore di canzonette / Un amante), Ilanah Lobel-Torres (Un amante).
    Suor Angelica
    Asmik Grigorian (Suor Angelica), Karita Mattila (La Zia principessa), Hann Schwarz (La Badessa), Enkelejda Shkoza (La suora zelatrice), Theresa Kronthaler (La maestra delle novize), Margarita Polonskaya (Suo Genovieffa), Ilanah Lobel -Torres (Suor Osmina), Lucia Tumminelli (Suor Dolcina), Maria Warenberg (La suor infermiera), Lavinia Bini, Camille Chopin (Due Cercatrice), Lisa ChaĂŻb-Auriol (Novizia), Silga Tiruma, Sophie Van de Woestyne (Due Converse).

     


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