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CRITIQUES DE CONCERTS 24 mai 2025

Nouvelle production de Giuditta de Lehár dans la mise en scène de Pierre André Weitz et sous la direction de Thomas Rösner à l'Opéra national du Rhin.

Strass et solitude
© Klara Beck

Pierre-André Weitz déplace la rare Giuditta de Lehár dans un luxe de strass et de couleurs qui ajoute à l'ensemble un parfum de nostalgie sur la scène de l'Opéra national du Rhin. Le plateau est dominé par l'Octavio de Thomas Bettinger qui l'emporte en caractère sur une Melody Louledjian luttant contre le volume de la fosse dirigée par Thomas Rösner.
 

Opéra du Rhin, Strasbourg
Le 13/05/2025
David VERDIER
 



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  • De toutes les opĂ©rettes de Franz Lehár, Giuditta est sans doute parmi les plus mĂ©connues en France. Dernière Ĺ“uvre de son catalogue, cette musikalische Komödie (comĂ©die musicale) connut un succès fracassant, composĂ©e avec, en arrière-fond, l'avènement du IIIe Reich et les premières mesures antisĂ©mites, ce dont la mise en scène tĂ©moigne dans l'une des ultimes scènes avec le personnage du Duc visiblement gagnĂ© Ă  la cause.

    Pierre-André Weitz déplace l'argument dans un univers décalé et festif, peuplé de circassiens, de clowns et d'acrobates. Un parfum rieur et léger qui contredit l'irrépressible forme de mélancolie qui émane de ce personnage de femme fatale dont s'éprend Octavio, officier de la coloniale qui forme avec elle le couple star du film Morocco (Cœurs brûlés) de Josef von Sternberg (1930) avec Marlene Dietrich et Gary Cooper.

    Cet amour, qui a tout pour éclore, se révèlera en définitive impossible, victime des aléas et des caractères des deux protagonistes. Cette musique porte le signe de l'amour fou et de la désillusion que résume une dernière scène où elle retrouve Octavio devenu pianiste de bar. Les mains s'effleurent mais ils choisissent pourtant de s'éloigner, chacun méditant son échec de son côté.

    L'œuvre est donnée dans la version française d'André Mauprey que Lehár supervisa lors de la création en français au Théâtre de la Monnaie (1935) ; un choix qui minimise parfois la portée esthétique de certains airs auxquels l'allemand apporte une couleur et un rythme plus expressifs.

    Le personnage de Giuditta exige un format exubérant que ne possède pas tout à fait Melody Louledjian quand la partition exige une puissance et une projection de soprano dramatique pour pouvoir passer un orchestre qui se dresse avec vigueur devant elle. C'est d'autant plus regrettable que le phrasé et les couleurs sont très soignés mais absorbés par un positionnement trop en retrait et enveloppé par le décor. Thomas Bettinger empoigne son Octavio avec un à-propos qui séduit autant dans les airs que dans les passages mélodramatiques, grâce à un instrument et un abattage qui emportent l'adhésion.

    Son comparse Christophe Gay multiplie les identités, offrant à Marcelin, l'Attaché, Ibrahim et au Chanteur de rue, un timbre soyeux et sonore. Beau succès également pour le couple Sahy Ratia (Séraphin) et Sandrine Buendia (Anita), très à l'aise dans les dialogues et les mélodies. Un rien monocorde, Nicolas Rivenq (Manuel, Sir Barrymore, son Altesse) n'a pas le naturel de Rodolphe Briand (L’Hôtelier, le Maître d’hôtel) ni l'art du chic et du débotté de l'épatant Jacques Verzier (Jean Cévenol) et de Pierre Lebon, idéal objet théâtral non identifié.

    La baguette volontaire de Thomas Rösner cède parfois à la tentation du volume en plaçant la rutilance des cuivres et les ponctuations des percussions au premier plan, réduisant les contours mélodiques des cordes à une présence ténue.




    Opéra du Rhin, Strasbourg
    Le 13/05/2025
    David VERDIER

    Nouvelle production de Giuditta de Lehár dans la mise en scène de Pierre André Weitz et sous la direction de Thomas Rösner à l'Opéra national du Rhin.
    Franz Lehár (1870-1948)
    Giuditta, comédie en musique en cinq tableaux (1934)
    Livret de Paul Knepler et Fritz Löhner.
    Version française d’André Mauprey

    Chœur de l’Opéra national du Rhin
    Orchestre national de Mulhouse
    direction : Thomas Rösner
    mise en scène, décors, costumes : Pierre-André Weitz
    chorégraphie : Ivo Bauchiero
    éclairages : Bertrand Killy
    préparation des chœurs : Hendrik Haas

    Avec :
    Melody Louledjian (Giuditta), Sandrine Buendia (Anita), Thomas Bettinger (Octavio), Nicolas Rivenq (Manuel, Sir Barrymore, son Altesse), Sahy Ratia (Séraphin), Christophe Gay (Marcelin, l’Attaché, Ibrahim, un chanteur de rue), Jacques Verzier (Jean Cévenol), Rodolphe Briand (L’Hôtelier, le Maître d’hôtel), Sissi Duparc (Lollita, le Chasseur de l’Alcazar), Pierre Lebon (Le Garçon de restaurant, un chanteur de rue, un sous-officier, un pêcheur).

     


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