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CRITIQUES DE CONCERTS |
24 mai 2025 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Roberto González-Monjas avec la participation de la violoniste Lisa Batiashvili, du hautboïste François Leleu et de l’organiste Thierry Escaich à la Philharmonie de Paris.
Triomphe romain
Les débuts à l’Orchestre de Paris se suivent et enchaînent les réussites. Ce soir, Roberto González-Monjas sidère par des Pins de Rome de Respighi d’une maîtrise hallucinante. Couleurs, respiration, acuité : tout y est. Auparavant, Lisa Batiashvili et François Leleux avaient déployé une virtuosité complice dans un Double concerto de Thierry Escaich en hommage à Bach.
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Le concert commence sans lui : Roberto González-Monjas, le chef invité, ne rentre pas à la suite des deux solistes. Il les laisse dialoguer avec les cordes de l’Orchestre de Paris emmenées par Eiichi Chijiwa dans le Double concerto pour violon et hautbois de Bach. L’accompagnement sonne de manière impeccable, sensible aussi.
Parfaitement accordés, Lisa Batiashvili et François Leleux livrent une prestation qui prend en compte la vastitude de la salle Pierre Boulez. Leur projection lisse le discours et les nuances, et même l’Adagio manque son but hors du temps. Un court changement de plateau et le noir se fait alors que retentissent les premières notes d’une série d’improvisations de Thierry Escaich à l’orgue.
Le musicien soigne les contrastes et fait son miel des possibilités de l’instrument. L’exercice brillant fait honneur à sa réputation. Même si les dernières minutes rendent hommage à Bach et forment un pont avec la pièce qui suit, certaines sonorités et le souffle du mécanisme de l’orgue de la Philharmonie évoquent un instrument Gaumont de ciné-concert plus pittoresque que musical. Nos deux solistes de retour sur le plateau accompagnés cette fois du chef enchaînent directement avec le Double concerto d’Escaich, une commande suscitée par les solistes.
Comme dans les autres concertos du compositeur, on s’émerveille de l’intelligence de l’écriture, de la compréhension profonde des jeux de tessitures. Le talent de Lisa Batiashvili s’émancipe. Plus encore, celui, versatile, de François Leleux transcende une partition peut-être plus divertissante que marquante. En bis, le hautboïste annonce un hommage à un collègue cruellement disparu à l’âge de 42 ans, Victor Aviat : une très fine transcription de Ach, ich fuhl’s de La Flûte enchantée où la ligne élégiaque du hautbois s’accompagne de manière magique des mélismes du violon.
La riche partition d’Escaich avait permis de remarquer la sûreté et la clarté du bras de González-Monjas. La seconde partie de programme fait plus que confirmer ces qualités. Sous sa baguette, Roméo et Juliette de Tchaïkovski a une tenue exemplaire. Les piani des cuivres et la discipline des cordes contribuent à l’impact d’une interprétation à la plastique impressionnante. Il y manque pourtant à la fois du cantabile et du pathos. Les Pins de Rome qui suivent emportent toute réserve.
Les arbres de la Villa Borghèse se découpent à la pointe sèche dans une atmosphère chargée d’électricité. Les musiciens s’égaient en sons acidulés, mais comme les étourneaux dans le ciel romain, ils obéissent à une force, celle du chef. La psalmodie de la catacombe envoûte. González-Monjas veille aux équilibres et dessine des détails sépulcraux dignes de Piranèse, tandis que Thierry Escaich se délecte de sa partie d’orgue.
La beauté des timbres habite le Janicule sous la lune avec un rossignol plus gazouillant que jamais. Enfin, l’armée orchestrale sur la Via Appia semble écrite pour l’acoustique de la Philharmonie avec ses effets de spatialisation grisants. Fière mais jamais lourde, la direction de l’Espagnol conduit ses troupes au triomphe.
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Philharmonie, Paris Le 15/05/2025 Thomas DESCHAMPS |
 | Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Roberto González-Monjas avec la participation de la violoniste Lisa Batiashvili, du hautboïste François Leleu et de l’organiste Thierry Escaich à la Philharmonie de Paris. | Johann-Sebastian Bach (1685-1750)
Double concerto pour violon, hautbois et orchestre Ă cordes en ut mineur, BWV 1060R (c. 1730, reconstruction de Max Schneider, 1920)
Thiery Escaich (*1965)
Improvisations à l’orgue
Thierry Escaich, orgue
Double concerto pour violon, hautbois et orchestre (2014)
Lisa Batiashvili, violon
François Leleux, hautbois
Piotr Ilitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
Roméo et Juliette, ouverture-fantaisie (1880)
Ottorino Respighi (180-1893)
Pini di Roma (1924)
Orchestre de Paris
direction : Roberto González-Monjas |  |
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